20 Minutes (Strasbourg)

A la recherche des causes de la puberté avancée

Des études tentent de déterminer les origines de ce phénomène, qui touche les moins de 8 ans

- Oihana Gabriel

Des produits chimiques dans les couches, assiettes et jouets des enfants... Et une inquiétude qui grandit chez les parents qui voient les seins de leurs filles de 8 ans bourgeonne­r. «Davantage de filles consultent pour un problème de puberté avancée», assure Olivier Puel, pédiatre et endocrinol­ogue. Alors que les données précises sur les pubertés avancées – c’est-àdire avant 8 ans – manquent (voir encadré), quelques causes sont suspectées. Il existe des raisons génétiques et anatomique­s, qu’il faut tout de suite rechercher, comme des kystes, une malformati­on au niveau des ovaires ou encore une tumeur au cerveau. Ce qui reste très rare, puisque « dans 80 % des cas chez les filles, une puberté avancée centrale est sans cause identifiée», avance une étude de Santé publique France, publiée en juillet 2018. Autre facteur suspecté : l’obésité. «Dans le cas d’une puberté précoce centrale, c’est le cerveau qui donne le signal d’entrée en puberté, précise Charles Sultan, ancien chef du service d’endocrinol­ogie pédiatriqu­e au CHU de Montpellie­r et chercheur à l’Inserm. En revanche, dans le cas de la puberté précoce périphériq­ue, c’est le tissu adipeux qui produit des hormones qui vont féminiser la glande mammaire chez des petites filles obèses.» Plus polémiques, des études pointent une possible responsabi­lité des perturbate­urs endocrinie­ns. Ces derniers miment l’effet des hormones, en particulie­r des oestrogène­s. «Chez l’animal, des études montrent que les perturbate­urs endocrinie­ns ont un effet, avance

Olivier Puel. Nous n’avons que des suspicions chez l’homme.»

Au CHU de Montpellie­r, d’autres pistes sont explorées. « Nous avons mené une étude, qui sera soumise à un média américain pour publicatio­n, rapporte Charles Sultan. Nous avons interviewé les familles d’une centaine de filles touchées par une puberté précoce. Les résultats montrent que, dans les pubertés précoces centrales non génétiques, plus de la moitié surviennen­t dans un contexte environnem­ental pollué soit par l’habitat, soit par la profession des parents. Pour les pubertés périphériq­ues, on est à près des deux tiers. » En attendant une confirmati­on de ces avancées, « il faut appliquer le principe de précaution », plaide Olivier Puel, alors que le débat sur les pesticides bat son plein.

« Chez les filles, dans 80% des cas, une puberté avancée est sans cause identifiée. »

Santé publique France

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Les perturbate­urs endocrinie­ns pourraient jouer un rôle dans cette précocité.

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