20 Minutes (Strasbourg)

Le souci de la perfection

Désireux d’éduquer idéalement leurs enfants, des mères et des pères se mettent trop de pression. Une quête d’excellence qui peut même mener au burn-out.

- Delphine Bancaud

La famille Ricoré, les parents en rêvent! Ils veulent que leurs enfants soient épanouis, polis, nourris au bio, qu’ils aient de bonnes notes à l’école, qu’ils soient sportifs, qu’ils aient des dons artistique­s… Et, pour y parvenir, ils ne lésinent pas sur les moyens : ils lisent des ouvrages qui décortique­nt les meilleures pratiques éducatives, consultent des psys, participen­t à des ateliers consacrés à la parentalit­é, monopolise­nt les conversati­ons pour parler de leur vie de famille, etc.

«La société actuelle est très exigeante, constate Frédérique Bertin, psychologu­e et spécialist­e de la parentalit­é. Il faut être performant au travail, comme à la maison. Du coup, dès qu’ils deviennent parents, certains adultes se mettent une pression excessive.» Car, si le fait de s’interroger sur ses pratiques parentales est positif, ce n’est plus le cas quand cela vire à l’obsession. A force d’être un parent «hélicoptèr­e », qui reste constammen­t à l’affût des problèmes que pourrait rencontrer son enfant, certaines mères et certains pères s’écroulent sous l’immensité de la tâche. «Cette course fait culpabilis­er les parents et fait chuter leur estime d’eux-mêmes, souligne Laurence Dudek, psychothér­apeute et auteure de Parents bienveilla­nts, enfants éveillés (éditions First). La quête de la perfection étant vaine par essence, elle entraîne des frustratio­ns et, dans les pires cas, mène au burn-out parental.»

Jusqu’aux violences

En outre, l’injonction à être un bon parent entraîne la pression d’être un bon enfant, estime Frédérique Bertin : « La pression que les parents se collent rejaillit sur les enfants. Ils doivent non seulement réussir à l’école, mais aussi être excellents dans leurs activités extrascola­ires. Et, une fois devenus adolescent­s, le château de cartes peut s’écrouler.» Parfois même, renchérit Laurence Dudek, «certains parents trop exigeants finissent par se montrer violents avec leurs enfants». Heureuseme­nt, il existe des moyens pour faire redescendr­e l’anxiété parentale.

Dans son cabinet, Frédérique Bertin reçoit souvent des parents qui se sont mis la barre trop haut : « Je travaille avec eux à partir de cas concrets et je tente de leur démontrer que vouloir le meilleur pour son enfant ne signifie pas être en quête de l’excellence dans ses pratiques éducatives. » Idem pour le psychologu­e Saverio Tomasella, auteur de J’aide mon enfant hypersensi­ble à s’épanouir (éd. Leducs) : «Je leur montre que c’est en tâtonnant que l’on apprend. Souvent, quelques séances suffisent pour qu’ils reprennent confiance en eux. » « Je les invite à se souvenir de l’enfant qu’ils ont été afin qu’ils n’imposent pas des choses à leurs propres enfants que, eux-mêmes, ils n’auraient pas appréciées», résume Laurence Dudek. Et de citer l’adage : «Le mieux est l’ennemi du bien. »

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A nos lecteurs. Jusqu’au jeudi 7 mars, retrouvez «20 Minutes» en version PDF sur le site et les applicatio­ns mobiles. Et suivez l’actualité sur l’ensemble de nos supports numériques.
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La quête de la perfection peut mener au burn-out, préviennen­t des experts.

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