Les aides publiques versées à Ford contestées
Les collectivités aimeraient récupérer des sommes versées à l’entreprise
«On va demander qu’un amendement soit pris en urgence. » Christine Bost, vice-présidente du département de la Gironde
Ford veut bel et bien tirer le rideau sur son site girondin de Blanquefort, qui représente plus de 850 emplois directs et 2 000 induits. Le groupe américain vient de refuser la seconde offre du groupe Punch pour la reprise de l’usine et, d’ici lundi prochain, la Direccte doit se prononcer sur le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). S’il est validé, le site industriel sera fermé fin août. Dans ce contexte, beaucoup mettent en cause le versement d’aides publiques à cette multinationale qui réalise des bénéfices. « Ford Aquitaine Industries devait toucher 26 millions d’euros sur la période 2013-2018 », estime le service communication de Ford France. La préfecture parle d’environ 15 millions d’euros débloqués par l’Etat et 7 millions par les collectivités, soit un total de 22 millions d’euros.
Un écart qui s’explique probablement par le fait que certaines aides programmées n’avaient pas encore été versées complètement. Plusieurs collectivités ont déjà annoncé leur volonté de récupérer les sommes versées, puisqu’elles étaient conditionnées au maintien de 1 000 emplois sur le site. « 1,3 million d’euros ont été versés (par le département seul) sur les 2 millions promis et on a émis un titre de recettes au mois de décembre pour bénéficier d’un remboursement », explique Christine Bost, vice-présidente (PS) du conseil départemental de la Gironde.
Les syndicats avancent qu’au total les aides avoisinent les 40 millions d’euros contre les 26 millions avancés par Ford, car ils prennent en compte les aides «indirectes» qui ont bénéficié à l’entreprise, comme le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) et les mesures de chômage partiel (puisque l’employeur bénéficie d’une allocation de l’Etat correspondant aux heures chômées).
« On va demander au ministre de l’Economie et au président de la République qu’un amendement soit pris en urgence pour éviter que le groupe ne garde le bénéfice foncier de ce site en partant, pointe Christine Bost. Ce serait une sorte de préemption mais pour un site industriel. »
Si la puissance publique récupère le site, il sera encore temps, pour la vice-présidente du conseil départemental, de discuter avec Punch. Resteront des détails à régler dans cette hypothèse, puisque Ford était censé assurer une transition locale, pendant deux à trois ans. Véronique Ferreira, la maire (PS) de Blanquefort, évoque la possibilité d’une reprise par les autorités pour un euro symbolique.
Si le 4 mars le PSE n’est pas homologué, cela déclencherait les droits à la préretraite des salariés concernés, et les licenciements interviendraient en septembre.