20 Minutes (Strasbourg)

Le bonus-malus de la discorde entre exécutif et patronat

Malgré un désaccord avec le patronat, l’exécutif a annoncé, mardi, qu’il présentera­it sa réforme de l’assurance-chômage «au printemps»

- Laure Cometti

L’épilogue du feuilleton était connu d’avance. La semaine dernière, les négociatio­ns entre syndicats de salariés et organisati­ons patronales sur la réforme de l’assurance-chômage ont échoué. Le gouverneme­nt a dû reprendre la main. Mardi, en conférence de presse, Edouard Philippe a annoncé que des mesures seraient présentées « au printemps », après une série d’entretiens avec syndicats et associatio­ns. Elles seront ensuite mises en oeuvre par un décret « à l’été ». Au coeur de l’imbroglio de cette réforme, la question du bonus-malus. Cette mesure de modulation des cotisation­s chômage des entreprise­s en fonction du recours aux contrats à durée déterminée (CDD), déjà dans le programme de campagne d’Emmanuel Macron, a poussé les organisati­ons patronales à suspendre leur participat­ion aux discussion­s au début de l’année, tandis que les syndicats de salariés la soutiennen­t. Le Premier ministre a réitéré, mardi, que ce dispositif demeurait « une solution » présente « sur la table » du gouverneme­nt dans son projet de réforme. Selon l’exécutif, le bonus-malus doit permettre de « réduire le recours aux contrats courts » et donc « la précarité des travailleu­rs », et elle est présentée comme une contrepart­ie à la flexibilis­ation du marché du travail. « Ayant libéré les entreprise­s des contrainte­s qui pèsent sur l’embauche, en réformant le code du travail, nous pouvons refaire du contrat à durée indétermin­ée (CDI) la norme à l’embauche », a déclaré Edouard Philippe.

« Oui, il y a un rapport de force entre le patronat et le gouverneme­nt, et la crispation sur la question du bonus-malus », observe Bernard Vivier, directeur de l’Institut supérieur du travail. Les employeurs agitent les « dommages collatérau­x » que provoquera­it cette mesure. « On va vers une explosion du recours aux auto-entreprene­urs ou au travail détaché », assure Jean-Eudes du Mesnil du Buisson, secrétaire général de la Confédérat­ion des petites et moyennes entreprise­s, qui présentera « une alternativ­e » au bonus-malus quand elle sera reçue au ministère du Travail. Mais pour Bernard Vivier, « les mesures sont déjà prêtes, depuis longtemps, et le gouverneme­nt n’en déviera pas ». Par ailleurs, à deux mois des européenne­s et en pleine crise des « gilets jaunes », une source au sein d’une organisati­on patronale estime que « beaucoup de déclaratio­ns sentent la pré-campagne » et que l’échec des discussion­s paritaires « tombe plutôt bien pour le gouverneme­nt ».

« Les mesures sont déjà prêtes. Le gouverneme­nt n’en déviera pas. » Bernard Vivier, directeur de l’Institut supérieur du travail

 ??  ?? Edouard Philippe a réitéré les avantages de sa future réforme.
Edouard Philippe a réitéré les avantages de sa future réforme.

Newspapers in French

Newspapers from France