Dans l’ombre de Laporte, Simon prend la lumière
Les multiples casquettes du numéro 2 de la FFR ne font pas l’unanimité dans les instances et chez les acteurs du rugby tricolore
« Tout le monde n’a pas la chance d’avoir des parents communistes et un grand-père stalinien», se plaît à raconter Serge Simon. A Marcoussis, il existait donc une certaine logique à le voir rôder tel un commissaire politique de l’époque soviétique pour veiller à l’encadrement des jeunes avant les points presse. Remarquez, c’est son boulot : parmi ses attributions au sein de la FFR, il est le manager des équipes de France. «Ça suppose une connivence avec le coach et que chacun connaisse son périmètre de fonctionnement », indique l’ex-sélectionneur Jean-Claude Skrela. On peut avancer que Simon a outrepassé celui défini par Guy Novès, le prédécesseur de Jacques Brunel. Tout au long de sa campagne médiatique et prud’hommale, le premier sélectionneur de l’histoire des Bleus viré en cours de mandat s’est répandu sur la façon dont Simon lui avait savonné la planche, jusqu’à cette tournée à l’été 2017. En Afrique du Sud, le n°2 de la Fédé, a profité des résultats catastrophiques pour, notamment, court-circuiter le staff. « Un bon résumé du machiavélisme du personnage», témoigne une de ses connaissances.
« Pas un dictateur »
Champion de France en 1991 avec Bègles, l’ex-pilier a laissé le souvenir d’un joueur rugueux. Le brillant médecin de formation préfère, lui, la légende qu’il a lui-même construite, grâce à son aisance oratoire. « Il fallait voir les yeux exorbités des journalistes quand il comparait la sortie d’un ballon en mêlée à l’accouchement d’une mère», se rappelle l’ancien maire de Bègles, Noël Mamère. Président de Provale, le syndicat des joueurs pros, Simon a décidé de suivre Bernard Laporte, son ex-coéquipier à Bègles, dans la marche vers la FFR au nom de l’intérêt du rugby. Viceprésident, le Richelieu de la Fédération est en charge des équipes de France, du haut niveau, de la relation FFR/LNR, du marketing et de la com. De multiples casquettes qui méritent bien d’être rémunéré au maximum du plafond (9 800€ brut par mois). Sauf que Simon a mis la FFR dans l’embarras, puisqu’il bénéficiait, en plus, d’une voiture de fonction, selon Le Monde.
Elu avec la féroce intention de s’attaquer à la Ligue et d’obtenir la tête de son président, Paul Goze, Simon a su se défaire de son esprit de guerre de tranchées pour s’asseoir autour de la table, assure Laurent Travini, son compagnon de route à Provale : « Ce n’est pas un dictateur, il sait écouter. Même si c’est dur de nier qu’il y a des choses qui interrogent.» La sincérité de son alliance avec Laporte, par exemple. Le coup d’après peut-il être le coup de grâce pour l’ex-coach de Toulon ? « Remarquez, Serge est déjà le patron de la FFR, reprend Mamère. Il avance comme il avançait sur le terrain, sans ménagement. » Beaucoup le croient capable de planter un ami de trente ans. Sûrement un hommage à son éducation stalinienne.