20 Minutes (Strasbourg)

Dans l’ombre de Laporte, Simon prend la lumière

Les multiples casquettes du numéro 2 de la FFR ne font pas l’unanimité dans les instances et chez les acteurs du rugby tricolore

- Julien Laloye

« Tout le monde n’a pas la chance d’avoir des parents communiste­s et un grand-père stalinien», se plaît à raconter Serge Simon. A Marcoussis, il existait donc une certaine logique à le voir rôder tel un commissair­e politique de l’époque soviétique pour veiller à l’encadremen­t des jeunes avant les points presse. Remarquez, c’est son boulot : parmi ses attributio­ns au sein de la FFR, il est le manager des équipes de France. «Ça suppose une connivence avec le coach et que chacun connaisse son périmètre de fonctionne­ment », indique l’ex-sélectionn­eur Jean-Claude Skrela. On peut avancer que Simon a outrepassé celui défini par Guy Novès, le prédécesse­ur de Jacques Brunel. Tout au long de sa campagne médiatique et prud’hommale, le premier sélectionn­eur de l’histoire des Bleus viré en cours de mandat s’est répandu sur la façon dont Simon lui avait savonné la planche, jusqu’à cette tournée à l’été 2017. En Afrique du Sud, le n°2 de la Fédé, a profité des résultats catastroph­iques pour, notamment, court-circuiter le staff. « Un bon résumé du machiavéli­sme du personnage», témoigne une de ses connaissan­ces.

« Pas un dictateur »

Champion de France en 1991 avec Bègles, l’ex-pilier a laissé le souvenir d’un joueur rugueux. Le brillant médecin de formation préfère, lui, la légende qu’il a lui-même construite, grâce à son aisance oratoire. « Il fallait voir les yeux exorbités des journalist­es quand il comparait la sortie d’un ballon en mêlée à l’accoucheme­nt d’une mère», se rappelle l’ancien maire de Bègles, Noël Mamère. Président de Provale, le syndicat des joueurs pros, Simon a décidé de suivre Bernard Laporte, son ex-coéquipier à Bègles, dans la marche vers la FFR au nom de l’intérêt du rugby. Viceprésid­ent, le Richelieu de la Fédération est en charge des équipes de France, du haut niveau, de la relation FFR/LNR, du marketing et de la com. De multiples casquettes qui méritent bien d’être rémunéré au maximum du plafond (9 800€ brut par mois). Sauf que Simon a mis la FFR dans l’embarras, puisqu’il bénéficiai­t, en plus, d’une voiture de fonction, selon Le Monde.

Elu avec la féroce intention de s’attaquer à la Ligue et d’obtenir la tête de son président, Paul Goze, Simon a su se défaire de son esprit de guerre de tranchées pour s’asseoir autour de la table, assure Laurent Travini, son compagnon de route à Provale : « Ce n’est pas un dictateur, il sait écouter. Même si c’est dur de nier qu’il y a des choses qui interrogen­t.» La sincérité de son alliance avec Laporte, par exemple. Le coup d’après peut-il être le coup de grâce pour l’ex-coach de Toulon ? « Remarquez, Serge est déjà le patron de la FFR, reprend Mamère. Il avance comme il avançait sur le terrain, sans ménagement. » Beaucoup le croient capable de planter un ami de trente ans. Sûrement un hommage à son éducation stalinienn­e.

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Serge Simon est le vice président de la FFR, dirigée par Bernard Laporte.

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