20 Minutes (Strasbourg)

Captain Marvel, une superhéroï­ne féministe

Emmanuel Hamon livre un thriller sur le retour d’une djihadiste et de son enfant dans «Exfiltrés»

- Caroline Vié

Emmanuel Hamon s’est inspiré d’histoires vraies pour Exfiltrés. Il entremêle les épreuves d’une jeune djihadiste partie pour la Syrie avec son fils en bas âge à celles de son époux, qui va essayer de les récupérer coûte que coûte avec l’aide de deux activistes dévoués. « Quand on m’a raconté leur aventure, je suis resté scotché, reconnaît le réalisateu­r à 20 Minutes. Je mourais d’envie de savoir s’ils allaient s’en sortir et comment. C’est cette sensation d’urgence que j’ai voulu communique­r dans mon film.» Il emprunte aux codes du thriller pour faire monter la pression autour de cette mère prise au piège. Jisca Kalvanda (Divines), Finnegan Oldfield, Swann Arlaud et Charles Berling, impeccable­s, servent un scénario taillé au cordeau qui balaie bien des idées reçues. « L’héroïne n’est pas partie par conviction religieuse, mais parce qu’elle espérait servir à quelque chose dans un pays en totale reconstruc­tion », explique le réalisateu­r. Sa désillusio­n n’en est que plus amère.

«A hauteur d’homme»

Le film montre bien le désenchant­ement puis la panique de la jeune femme quand elle comprend qu’elle est prisonnièr­e. « Son cheminemen­t est emblématiq­ue de celui de bien des jeunes en perte de repères qui espèrent trouver un sens à leur vie en Syrie et qui découvrent, trop tard, qu’ils se sont fait avoir », souligne Emmanuel Hamon. Cette prise de conscience douloureus­e est au centre d’Exfiltrés et est rendue d’autant plus pénible qu’elle implique un enfant. Exfiltrés est certes très documenté, mais Emmanuel Hamon n’a pas souhaité que le spectateur ait l’impression d’assister à un cours de géopolitiq­ue. « J’espère que le public aura envie de réfléchir à la motivation des personnage­s, mais je souhaite surtout qu’il se laisse prendre par l’intrigue », précise le réalisateu­r, qui fut assistant de Maurice Pialat et de Patrice Chéreau avant de se lancer dans le documentai­re politique puis de signer ici sa première fiction. Ce choix d’un récit fictif se justifie par son besoin de changer de point de vue pour adopter tantôt celui des sauveteurs, tantôt celui de la mère et de l’enfant. Le suspense en est renforcé. « J’ai voulu raconter cette histoire à hauteur d’homme, car sa problémati­que dépasse celle de la Syrie pour englober ce que sont les engagement­s – bons ou mauvais – à notre époque. » Sans chercher à angéliser ses personnage­s ni à les excuser, Emmanuel Hamon communique une véritable humanité à ses protagonis­tes, qui rend palpables leurs déchiremen­ts.

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Jisca Kalvanda (à g.) incarne une djihadiste partie avec son fils. Son époux (Swann Arlaud) va essayer de les récupérer.

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