L’itinérance, un chemin pas à pas
A l’opposé du « toujours plus loin, toujours plus vite », la randonnée sur plusieurs jours permet aux amateurs de prendre leur temps
Lever le pied, des milliers de fois. La randonnée est à l’honneur du salon Destinations nature, qui se tiendra à Paris porte de Versailles (15e), du 14 au 17 mars. Sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle ou sur le GR20 en Corse, 1,5 million de Français pratiquent l’itinérance (trois jours et plus) chaque année, selon la Fédération française de randonnée. « On est loin de la passivité d’un voyage en avion ou en voiture », note David Le Breton. Le professeur de sociologie à l’université de Strasbourg et auteur de l’ouvrage Marcher, Eloge des chemins et de la lenteur (éditions Métailié) a une punchline : « Prendre son temps et ne plus être pris par le temps. » Marcher, c’est aussi « se reconnecter à soi et se rappeler l’étendue de ses capacités », complète Elodie Lafay, psychologue clinicienne dans les Alpes-Maritimes, qui propose des randonnées thérapeutiques à ses patients. Un premier voyage à pied a souvent à voir avec un événement personnel majeur.
« Le corps s’habitue »
Quand ils décident de suivre le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, en 2015, Pascale Auréjac-Rovira et son mari sont à « un tournant de [leur] vie pro ». Une cessation d’activité anticipée pour elle, la retraite pour lui. Ils relient Le Puy-en-Velay à Santiago à pied en soixante-dix jours. « La première fois, on vide la tête, on évacue beaucoup de choses », se souvient la Toulousaine. Les sensations physiques surgissent aussi. « Il faut marcher tous les jours, même des petites distances. Le corps s’habitue. »
«Il faut pouvoir gérer son temps et s’organiser », reconnaît Pascale Auréjac-Rovira. Mais quelques jours suffisent pour une première expérience.