Les Champs-Elysées défigurés en marge de la manifestation
L’avenue parisienne portait, dimanche, les stigmates des violences de la veille
«Tu vas bientôt ouvrir? Fais attention à tes cartes postales, il y a du vent.» José sourit à la blague de son ami, car, à quelques mètres de là, son kiosque à journaux est en cendres. Après plusieurs semaines d’accalmie, l’acte 18 des «gilets jaunes», samedi, a donné lieu à de nombreux affrontements avec les forces de l’ordre et à des dégradations sur les Champs-Elysées. Commerçant depuis quatorze ans sur la célèbre avenue, José est désormais au chômage. « Il y avait de tout : des ultras habillés en noir, mais aussi des “gilets jaunes”. Ils ont dû être mal fouillés, car ils avaient tout ce qu’il fallait pour mettre le feu. Ils auraient pu me cramer, j’ai eu de la chance. »
Odeur de brûlé
Pavés descellés, vitrines de magasins brisées (lire ci-dessous)… L’avenue porte, un peu partout, les stigmates des violences. Devant la luxueuse brasserie du Fouquet’s, incendiée partiellement, une poignée d’hommes s’attellent aux réparations. L’odeur de brûlé est toujours présente à quelques enjambées, avenue Franklin-Roosevelt. C’est là qu’un incendie s’est déclaré dans une banque, puis aux appartements du dessus, obligeant les pompiers à évacuer les habitants.
Un petit groupe d’habitants discute sous le soleil. « Vers 10 h, les casseurs étaient déjà là. On veut discréditer le mouvement des “gilets jaunes”. On se demande si c’est pas orchestré, on a l’impression que la police a laissé faire», assure un retraité, reprenant certaines critiques émises par le syndicat Unsa Police. Les autorités ont indiqué samedi que 237 personnes avaient été interpellées et que 200 manifestants avaient été placés en garde à vue. Pas suffisant pour l’opposition, qui dénonçait dimanche le «laxisme sécuritaire» de l’exécutif.