Le deuil périnatal ne doit plus être un tabou
Le CHU de Strasbourg veut mieux accompagner les couples concernés
« C’est l’enfer qui s’ouvre sous nos pieds ». Ce sont les mots de Stéphanie, 34 ans, et Flora, 39 ans. Lors de leur première grossesse, respectivement en 2011 et 2006, les deux Bas-Rhinoises ont été confrontées au deuil périnatal. Depuis, elles ont eu d’autres enfants. Auprès de l’équipe médicale, Stéphanie dit avoir trouvé toutes les explications nécessaires. Elle a entendu aussi le soutien des professionnels de santé : « Quand mon mari et moi avons dit après l’accouchement qu’on aurait fait de super parents, on nous a répondu : “Mais vous êtes des parents” ». Ce qui rééquilibre la balance après «beaucoup de maladresses entendues dans notre entourage. »
Pour éviter les remarques du type “Vous êtes jeunes, vous aurez d’autres enfants”, « qui sont marquées au fer rouge » dixit Flora, les deux mamans appellent à une libération de la parole. « Il faut arrêter de faire du deuil périnatal un tabou », arguent-elles. Et remédier à la méconnaissance. Elles y contribuent via l’écriture d’un livre de témoignages de parents (De nous à vous) ou des groupes de parole mensuels au CHU, hôpital où 250 parents par an sont concernés par le deuil périnatal. L’établissement propose d’ailleurs, grâce à l’association Les Semeurs d’étoiles, une pièce de théâtre sur ce thème, mardi à 20 h au PréO d’Oberhausbergen.
«Entendre les patients»
Le CHU s’adapte de différentes façons. A la fois pour que « les professionnels de santé puissent en parler avec tranquillité » mais aussi parce qu’il est « important d’entendre les patients. Quand on entend des milliers de fois les mêmes choses, ça nous fait changer les pratiques. Ça fait quinze ans qu’on les ajuste », assure Nadine Knezovic, sage-femme cadre de pôle. Aujourd’hui, « on va respecter le bébé. On va le laver, l’habiller. » Il s’agit aussi de matérialiser son existence : le personnel médical prend alors systématiquement des photos de l’enfant et ses empreintes.