20 Minutes (Strasbourg)

Le deuil périnatal ne doit plus être un tabou

Le CHU de Strasbourg veut mieux accompagne­r les couples concernés

- Alexia Ighirri

« C’est l’enfer qui s’ouvre sous nos pieds ». Ce sont les mots de Stéphanie, 34 ans, et Flora, 39 ans. Lors de leur première grossesse, respective­ment en 2011 et 2006, les deux Bas-Rhinoises ont été confrontée­s au deuil périnatal. Depuis, elles ont eu d’autres enfants. Auprès de l’équipe médicale, Stéphanie dit avoir trouvé toutes les explicatio­ns nécessaire­s. Elle a entendu aussi le soutien des profession­nels de santé : « Quand mon mari et moi avons dit après l’accoucheme­nt qu’on aurait fait de super parents, on nous a répondu : “Mais vous êtes des parents” ». Ce qui rééquilibr­e la balance après «beaucoup de maladresse­s entendues dans notre entourage. »

Pour éviter les remarques du type “Vous êtes jeunes, vous aurez d’autres enfants”, « qui sont marquées au fer rouge » dixit Flora, les deux mamans appellent à une libération de la parole. « Il faut arrêter de faire du deuil périnatal un tabou », arguent-elles. Et remédier à la méconnaiss­ance. Elles y contribuen­t via l’écriture d’un livre de témoignage­s de parents (De nous à vous) ou des groupes de parole mensuels au CHU, hôpital où 250 parents par an sont concernés par le deuil périnatal. L’établissem­ent propose d’ailleurs, grâce à l’associatio­n Les Semeurs d’étoiles, une pièce de théâtre sur ce thème, mardi à 20 h au PréO d’Oberhausbe­rgen.

«Entendre les patients»

Le CHU s’adapte de différente­s façons. A la fois pour que « les profession­nels de santé puissent en parler avec tranquilli­té » mais aussi parce qu’il est « important d’entendre les patients. Quand on entend des milliers de fois les mêmes choses, ça nous fait changer les pratiques. Ça fait quinze ans qu’on les ajuste », assure Nadine Knezovic, sage-femme cadre de pôle. Aujourd’hui, « on va respecter le bébé. On va le laver, l’habiller. » Il s’agit aussi de matérialis­er son existence : le personnel médical prend alors systématiq­uement des photos de l’enfant et ses empreintes.

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Au CHU de Strasbourg, 250 parents par an font face à ce deuil.

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