20 Minutes (Strasbourg)

La justice a besoin de temps pour juger les délits graves

La justice a besoin de temps pour instruire les délits graves commis lors des manifestat­ions

- Vincent Vantighem

Lundi, c’est d’abord la voix blanche et mal assurée des «gilets jaunes» renvoyés en comparutio­n immédiate au tribunal correction­nel de Paris qui en a le plus appris aux magistrats chargés de les juger après les violences sur les Champs-Elysées, samedi. Des regrets entrecoupé­s de sanglots pour un coup de pied sur un CRS ou encore une bouteille de bière jetée sur les pavés... Pas vraiment le ton politisé et bravache que pourraient adopter les «1500 ultraviole­nts» venus, selon Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur, pour «casser et en découdre».

Après chaque « acte » violent, les soutiens des «gilets jaunes» s’étonnent de voir leurs amis immédiatem­ent jugés quand ceux qu’ils nomment les «vrais casseurs » ou les black blocs sont toujours «dans la nature». «Je comprends que cela soit difficile à comprendre. Mais il faut savoir que les faits les plus graves nécessiten­t des enquêtes plus longues », souffle une source judiciaire. Selon les chiffres communiqué­s par le ministère de la Justice, 99 informatio­ns judiciaire­s ont été ouvertes pour faire la lumière sur les délits les plus importants perpétrés depuis le 17 novembre. Il y en a eu une centième, mardi, pour le pillage du magasin Swarovski, samedi. «Arrêter ce genre de “clients” en flagrant délit est très rare, confie Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint du syndicat de police Alliance. Ce sont des profession­nels, qui connaissen­t les emplacemen­ts des caméras et savent se dissimuler. » Il faut faire de l’investigat­ion pour pouvoir les appréhende­r. «On se sert après coup de tout ce à quoi vous pouvez penser, poursuit le syndicalis­te. Les empreintes, les écoutes téléphoniq­ues…»

Un « fonctionne­ment normal »

Habitués à se planquer sous des parapluies ou encore à enfiler deux pantalons l’un sur l’autre pour mieux tromper les enquêteurs, les plus vindicatif­s sont

parfois trahis par des détails. Ainsi, ce sont les pièces d’or retrouvées au fond des poches de deux jeunes de Bondy (Seine-Saint-Denis) qui ont convaincu les enquêteurs qu’ils n’étaient pas étrangers au saccage de l’Arc de triomphe, le 1er décembre. « D’une semaine à l’autre, on qualifie la justice de sévère ou de laxiste à l’encontre des “gilets jaunes”, se désole une source à la Chanceller­ie. La vérité, c’est que la justice fonctionne juste normalemen­t.» Et qu’elle n’a pas pour habitude de juger immédiatem­ent les dossiers les plus complexes. Ainsi, le procès du saccage de l’Arc de triomphe ne devrait pas être programmé avant au moins dix-huit mois.

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Arrêter les « gros clients » en flagrant délit est « très rare », note un policier.

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