ANTOINE GRIEZMANN Un jeu de séduction
Sujet d’un nouveau documentaire, l’attaquant tricolore de l’Atlético Madrid mise sur la communication pour accroître sa cote de popularité auprès du public français.
Antoine Griezmann a retrouvé l’équipe de France, pour deux matchs qualificatifs pour l’Euro 2020, en Moldavie vendredi et contre l’Islande lundi. Le moment choisi par Netflix pour sortir, jeudi, le documentaire « Antoine Griezmann, champion du monde ». Après que deux documentaires lui ont déjà été consacrés, le Mâconnais en fait-il trop au niveau communication? «Ce doc, ce n’est pas sa volonté, assure le réalisateur Alex Dell. C’est Alessandra Sublet, qui avait déjà travaillé sur un premier projet, qui a lancé l’idée. » L’animatrice télé confirme : « Quand j’ai soumis l’idée à Antoine, il a eu des doutes. C’est quelqu’un d’humble et de pudique.»
« Il y a un décalage entre ce qu’il fait et ce qu’on dit de lui en France. »
Alex Dell, réalisateur
Le journaliste Arnaud Ramsay, coauteur de l’autobiographie du joueur, comprend qu’on «puisse lui reprocher d’en faire beaucoup ». Mais il émet un bémol : «Il reçoit un nombre de propositions affolant et n’en accepte que très peu. » La particularité de Griezmann est qu’il gère son image sans avoir recours à une boîte spécialisée. « Il y a une forme d’amateurisme assumée dans sa com, détaille le journaliste. Il gère ça avec sa soeur et un de ses amis d’enfance. » Si les boîtes de com peuvent parfois donner une image trop lisse de leurs joueurs, elles connaissent aussi les erreurs à éviter. Or, Griezmann en a commis : le black face, l’annonce dans « Quotidien » d’un possible départ à Manchester United… Ces accrocs ont pu ternir la bonne image dont il bénéficiait en France. «Il a pris le parti de faire comme il avait envie de faire, sans se soucier forcément du regard des autres», poursuit Alessandra Sublet. Mais, non, Griezmann ne se fout pas de tout. Ainsi, il a récemment réagi, sur Twitter, à une polémique lancée à son sujet dans une émission de beIN Sports. Dans le même genre, Arnaud Ramsay assure que le joueur «lit tout» ce qui est dit sur lui dans la presse française : « Il considère qu’elle doit être derrière les Bleus et derrière lui. » Ce besoin de se défendre, de défendre son bilan, son style, trouve peut-être son origine dans le parcours cahoteux de « Grizou ». Il a été recalé, à ses débuts, par les centres de formation français avant de s’exiler en Espagne, à 14 ans. Formé à la Real Sociedad et révélé de l’autre côté des Pyrénées, le garçon pâtit, peut-être, d’un manque de considération dans son pays natal. « Je ne sais pas s’il le ressent comme ça, mais il y a un décalage entre ce qu’il fait et ce qu’on dit de lui en France», affirme Alex Dell. Un constat partagé par Didier Deschamps : «Cela a toujours été le cas des Français qui partent tôt à l’étranger. Il aurait mérité, certainement, d’avoir certaines récompenses [le Ballon d’or]. Mais, oui, l’exposition médiatique en France pourrait être plus importante.» Pour ça, rendez-vous sur Netflix.