A pied d’oeuvre contre la marée noire
Six bateaux et deux avions sont mobilisés sur le site du naufrage du «Grande America»
Après le naufrage du navire de commerce italien Grande America le 14 mars à 350 km au large de La Rochelle, la préfecture maritime met en oeuvre des opérations pour limiter la pollution aux hydrocarbures qui pourrait arriver sur les côtes de Gironde et de Charente-Maritime dans les jours qui viennent. Trois nappes de fioul lourd ont été repérées à la surface de l’eau, provenant d’une fuite de carburant du porte-conteneurs qui en avait 2 200 t au total. Pour la première fois, mardi, les conditions météorologiques ont rendu possible l’installation de barrages filtrants pour récupérer les hydrocarbures, même si du chalutage avait déjà eu lieu (il permet de piéger des boulettes d’hydrocarbures dans des filets spécifiques Thomsea).
« On ignore quel volume de carburant s’est échappé. L’épave repose à 4 600 m de profondeur, estime Nicolas Tamic, responsable opérations au centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux (Cedre). Elle peut être disloquée, on ignore pour l’instant si elle l’est. »
Le fioul est « écrémé » à la surface de l’eau et ensuite pompé. Six bateaux sont mobilisés pour cette opération et deux avions surveillent la zone et ses alentours, notamment pour repérer d’éventuels dégazages opportunistes d’autres navires, précise la préfecture maritime de l’Atlantique.
Sur la base d’échantillons fournis par la marine nationale, le Cedre a étudié en laboratoire les particularités du pétrole issu du Grande America. « Sur une nappe d’hydrocarbures, une partie va s’évaporer plus ou moins vite ; s’il s’agit de gasoil, c’est très rapide, mais ici il s’agit de fioul lourd, donc seuls 10 à 15 % s’évaporent », précise Nicolas Tamic. Se produit ensuite ce que cet expert appelle un processus « d’émulsification » qui conduit le pétrole à se charger en eau et à se fractionner.
Les risques de boulettes
« Plus il reste en mer, plus les nappes se transforment en plaques, galettes et boulettes », relève le responsable. Un phénomène qui pourrait compliquer l’opération de dépollution des côtes puisque les conditions météo n’ont pas permis d’intervenir rapidement après le naufrage. Mais il existe des moyens satellitaires pour localiser ces morcellements, précise le responsable d’opération. Le Cedre est en contact avec les préfets concernés pour coordonner les opérations de dépollution. L’opération de filtrage et de pompage en surface du pétrole, près de la zone du naufrage, devrait durer encore plusieurs jours, selon la préfecture maritime de l’Atlantique.
« L’épave repose à 4600 m de profondeur. »
Nicolas Tamic, responsable opérations au Cedre