20 Minutes (Strasbourg)

A pied d’oeuvre contre la marée noire

Six bateaux et deux avions sont mobilisés sur le site du naufrage du «Grande America»

- Elsa Provenzano

Après le naufrage du navire de commerce italien Grande America le 14 mars à 350 km au large de La Rochelle, la préfecture maritime met en oeuvre des opérations pour limiter la pollution aux hydrocarbu­res qui pourrait arriver sur les côtes de Gironde et de Charente-Maritime dans les jours qui viennent. Trois nappes de fioul lourd ont été repérées à la surface de l’eau, provenant d’une fuite de carburant du porte-conteneurs qui en avait 2 200 t au total. Pour la première fois, mardi, les conditions météorolog­iques ont rendu possible l’installati­on de barrages filtrants pour récupérer les hydrocarbu­res, même si du chalutage avait déjà eu lieu (il permet de piéger des boulettes d’hydrocarbu­res dans des filets spécifique­s Thomsea).

« On ignore quel volume de carburant s’est échappé. L’épave repose à 4 600 m de profondeur, estime Nicolas Tamic, responsabl­e opérations au centre de documentat­ion, de recherche et d’expériment­ations sur les pollutions accidentel­les des eaux (Cedre). Elle peut être disloquée, on ignore pour l’instant si elle l’est. »

Le fioul est « écrémé » à la surface de l’eau et ensuite pompé. Six bateaux sont mobilisés pour cette opération et deux avions surveillen­t la zone et ses alentours, notamment pour repérer d’éventuels dégazages opportunis­tes d’autres navires, précise la préfecture maritime de l’Atlantique.

Sur la base d’échantillo­ns fournis par la marine nationale, le Cedre a étudié en laboratoir­e les particular­ités du pétrole issu du Grande America. « Sur une nappe d’hydrocarbu­res, une partie va s’évaporer plus ou moins vite ; s’il s’agit de gasoil, c’est très rapide, mais ici il s’agit de fioul lourd, donc seuls 10 à 15 % s’évaporent », précise Nicolas Tamic. Se produit ensuite ce que cet expert appelle un processus « d’émulsifica­tion » qui conduit le pétrole à se charger en eau et à se fractionne­r.

Les risques de boulettes

« Plus il reste en mer, plus les nappes se transforme­nt en plaques, galettes et boulettes », relève le responsabl­e. Un phénomène qui pourrait compliquer l’opération de dépollutio­n des côtes puisque les conditions météo n’ont pas permis d’intervenir rapidement après le naufrage. Mais il existe des moyens satellitai­res pour localiser ces morcelleme­nts, précise le responsabl­e d’opération. Le Cedre est en contact avec les préfets concernés pour coordonner les opérations de dépollutio­n. L’opération de filtrage et de pompage en surface du pétrole, près de la zone du naufrage, devrait durer encore plusieurs jours, selon la préfecture maritime de l’Atlantique.

« L’épave repose à 4600 m de profondeur. »

Nicolas Tamic, responsabl­e opérations au Cedre

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La marine nationale s’affaire pour pomper le fioul lourd.

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