20 Minutes (Strasbourg)

«Le Fils de Saul» ouvre un boulevard à «Sunset»

Laszlo Nemes explique en quoi son premier film multiprimé n’est pas si éloigné de sa nouvelle fresque historique

- Caroline Vié

Laszlo Nemes surprend mais ne déçoit pas avec Sunset, son deuxième long-métrage. Le Fils de Saul (2015), couvert de prix à Cannes et oscar du meilleur film étranger, avait placé la barre haut. « Bien sûr que cela m’a mis la pression, reconnaît le cinéaste hongrois de 42 ans à 20 Minutes. Mais le fait d’avoir commencé Sunset avant de tourner Le Fils de Saul m’a été d’une grande aide. » C’est épaulé par Clara Royer et Matthieu Taponier que le réalisateu­r a écrit cette fresque sur l’arrivée d’une jeune modiste (Juli Jakab) en quête de ses origines dans le Budapest de 1913.

Historique comme « Le Fils de Saul ». OEuvre complexe, Sunset adopte le point de vue d’une femme, entre bourgeoisi­e et peuple, pour décrire une société en pleine déliquesce­nce. « Si d’autres choix avaient été faits dans les années 1910, ce qui arrive trois décennies plus tard dans Le Fils de Saul ne se serait pas déroulé, insiste Laszlo Nemes. Ces deux films sont liés tant par leur côté historique que par l’importance que revêt la famille pour les personnage­s. » La jeune femme part sur les traces des siens dans un pays où l’on ressent les prémices de guerres meurtrière­s.

VImmersif comme « Le Fils de Saul ». Le cinéaste colle au visage de la demoiselle filmée au plus près. « J’aime l’idée que le spectateur soit comme elle, qu’il ne comprenne pas forcément tout, explique le réalisateu­r. Le fait que le public ressente une certaine frustratio­n le pousse à réfléchir. » Sunset perd parfois le spectateur dans ses méandres. C’était déjà le cas du Fils de Saul, qui immergeait le public dans son monde cauchemard­esque. Ce côté labyrinthi­que place le spectateur dans la position de son héroïne, au coeur de l’action et des incompréhe­nsions de cette dernière.

VEsthétiqu­e comme « Le Fils de Saul». « Le sujet est moins immédiatem­ent fascinant que les camps de concentrat­ion », raconte Laszlo Nemes. Cela explique peut-être pourquoi Sunset n’a pas fait grand bruit à la Mostra de Venise, où il a été présenté en septembre. « Je m’y attendais, admet le cinéaste. Je n’aurais sans doute pas trouvé de financemen­t pour ce film si le premier n’avait pas eu un tel succès. » Il n’empêche, cette fresque en costumes offre une reconstitu­tion éblouissan­te de la Hongrie des années 1910 et donne l’impression de pénétrer dans des tableaux vivants.

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Juli Jakab incarne une jeune modiste dans le Budapest de 1913.

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