20 Minutes (Strasbourg)

Julian Alaphilipp­e sur la voie royale de la popularité

Attachant et drôle, « Alaph » peut devenir populaire au-delà de son sport

- Bertrand Volpilhac

C’est avec les Bee Gees et des mouvements de danse dans une voiture que Julian Alaphilipp­e a fêté, lundi, sa deuxième victoire d’étape sur le TirrenoAdr­iatico. Du Alaphilipp­e tout craché. «Il est carrément fun, se marre son ami Steve Chainel. C’est un pro très sérieux, mais il sait aussi ne pas se prendre la tête. Il est juste là à profiter de la vie. Il ne se dit pas : “Il faut que je sois une star, que j’évite de faire le con.” » Parce que star, c’est désormais son statut. Pour l’instant, ce n’est «que» dans le vélo. A 26 ans, Alaphilipp­e est considéré comme le meilleur puncheur du monde. Vainqueur de la Flèche wallonne ou des Strade Bianche, il ne lui manque qu’une vraie grande victoire – pourquoi pas sur Milan-Sanremo samedi – pour faire partie des boss du peloton. Et ce n’est que le début. Car Alaphilipp­e a déjà tout pour être une vedette : un style très offensif, du talent, du caractère, une bonne gueule, une histoire, aussi. Celle d’un gamin « bien élevé qui a connu la galère quand il bossait dans un magasin de vélo avant d’aller rouler à 21 h à la loupiote pour s’entraîner », raconte Steve Chainel. En France, on peine encore à comprendre le phénomène. D’abord, parce qu’il a fait toute sa carrière pro chez Quick Step, une équipe belge. Ensuite car, à l’inverse de Bardet ou Pinot, il ne porte pas avec lui l’espoir d’être le prochain vainqueur de la Grande Boucle. Alors, ça prendra plus de temps. Son dernier Tour de France, bouclé avec deux victoires d’étapes et le maillot de meilleur grimpeur, a lancé la machine. «Dans le monde du vélo, c’est l’un des coureurs les plus demandés et respectés, résume son agent, Dries Smets. Depuis le Tour, on a plus de demandes médias et partenaria­ts, notamment de marques internatio­nales.» Jean-Michel Bourgouin, directeur du critérium de la Ronde d’Aix, a tout fait pour qu’Alaphilipp­e puisse venir dans sa course : « L’avoir, c’est une vraie plus-value. Il dégage beaucoup d’humanité. Dans le domaine de l’animation, il n’a pas besoin de se forcer, il est spontané, naturel.»

C’est ce que le public français a pu remarquer cet été, pour son premier vrai contact avec sa future idole. Aussi consultant pour Eurosport, Steve Chainel a déjà vu les regards changer sur le bord des routes. Au point de dépasser le cadre de son sport ? «Il dégage tellement de charisme qu’il va être starifié au-delà de ce qu’on imagine, répond l’ancien coureur. Je pense même qu’il peut créer une sorte de “Virenque Mania” s’il est meilleur grimpeur trois années de suite. Quand il aura fait ça, qu’il aura gagné deux, trois LiègeBasto­gne-Liège, Amstel, Flèche, ce sera un personnage public, il ne pourra plus boire des coups tranquille en terrasse.» Reste quand même à les gagner, ces courses.

«Il dégage tellement de charisme qu’il va être starifié au-delà de ce qu’on imagine.» Steve Chainel, ami d’Alaphilipp­e

 ??  ??
 ??  ?? Cette saison, Julian Alaphilipp­e a notamment remporté les Strade Bianche.
Cette saison, Julian Alaphilipp­e a notamment remporté les Strade Bianche.

Newspapers in French

Newspapers from France