20 Minutes (Strasbourg)

Ils sèchent l’école car leur abonnement est trop cher

Plusieurs parents acceptent que leurs enfants n’aillent pas à l’école car ils n’arrivent pas à leur payer leurs abonnement­s

- Nils Wilcke

C’est un sujet difficile, voire tabou pour certaines familles à Strasbourg et dans le Bas-Rhin. Au début du mois, au moment de renouveler leur abonnement au tram et au bus, certaines d’entre elles sont dans l’incapacité de payer et d’envoyer leurs enfants à l’école.

«On a des parents qui nous font remonter ce genre de difficulté­s en début de mois », indique Sophie Djokaj, parent d’élève et membre du collectif pour la gratuité des transports qui vient de se constituer à Strasbourg. En cause, les délais de prélèvemen­t mis en place par la compagnie de transports strasbourg­eois (CTS). Le prélèvemen­t automatiqu­e tombe le 5 du mois. Problème, les prestation­s sociales, elles, sont souvent versées le 6 ou le 7, à cause notamment des délais bancaires. « On a un peu honte, confie une mère de famille qui habite en périphérie de Strasbourg. Envoyer ses enfants à l’école, c’est le minimum mais parfois, on n’y arrive pas. On est trop juste », ajoute-t-elle.

Une quinzaine de «sécheurs»

Une autre maman raconte avoir prêté sa carte de déplacemen­t à son fils de 9 ans car elle n’avait pas les moyens de lui payer un aller-retour. Ce qui est interdit par le règlement de la CTS, qui stipule que les abonnement­s sont nominatifs. « Il avait peur de se faire prendre, il est rentré la boule au ventre », témoigne cette mère de famille. La CTS a intensifié les contrôles à bord des trams pour lutter contre la fraude. « Le coût des transports est un vrai problème, abonde un membre de l’équipe éducative d’un lycée de Strasbourg. Certains de nos élèves sont à cinq euros près ». Pour ces « sécheurs » particulie­rs, les profs et membres de l’administra­tion font preuve de mansuétude. «Une quinzaine d’entre eux » serait concernée, rien que pour la filière profession­nelle de cet établissem­ent.

Il y a bien une tarificati­on sociale mise en place par la CTS en 2009, basée sur les quotients familiaux. Ils viennent d’être revalorisé­s, après dix ans de stagnation. Quatre gammes de prix sont disponible­s. L’abonnement le plus modeste étant à 3,40 € pour les moins de 25 ans et les plus de 65 ans. « On réfléchit à un système de post-paiement pour éviter ces situations de blocage en début de mois mais cela implique le respect du paiement après usage », indique à 20 Minutes Alain Fontanel, le président du conseil d’administra­tion de la CTS. Sa crainte ? Que les abonnement­s ne soient pas réglés après avoir été mis à dispositio­n par la CTS. Le collectif pour la gratuité des transports demande un moratoire sur les contrôles à bord des trams en début de mois pour permettre aux jeunes concernés de voyager en toute sérénité.

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Le nouveau billet de la CTS rechargeab­le n’est pas abordable pour tous.

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