Ils sèchent l’école car leur abonnement est trop cher
Plusieurs parents acceptent que leurs enfants n’aillent pas à l’école car ils n’arrivent pas à leur payer leurs abonnements
C’est un sujet difficile, voire tabou pour certaines familles à Strasbourg et dans le Bas-Rhin. Au début du mois, au moment de renouveler leur abonnement au tram et au bus, certaines d’entre elles sont dans l’incapacité de payer et d’envoyer leurs enfants à l’école.
«On a des parents qui nous font remonter ce genre de difficultés en début de mois », indique Sophie Djokaj, parent d’élève et membre du collectif pour la gratuité des transports qui vient de se constituer à Strasbourg. En cause, les délais de prélèvement mis en place par la compagnie de transports strasbourgeois (CTS). Le prélèvement automatique tombe le 5 du mois. Problème, les prestations sociales, elles, sont souvent versées le 6 ou le 7, à cause notamment des délais bancaires. « On a un peu honte, confie une mère de famille qui habite en périphérie de Strasbourg. Envoyer ses enfants à l’école, c’est le minimum mais parfois, on n’y arrive pas. On est trop juste », ajoute-t-elle.
Une quinzaine de «sécheurs»
Une autre maman raconte avoir prêté sa carte de déplacement à son fils de 9 ans car elle n’avait pas les moyens de lui payer un aller-retour. Ce qui est interdit par le règlement de la CTS, qui stipule que les abonnements sont nominatifs. « Il avait peur de se faire prendre, il est rentré la boule au ventre », témoigne cette mère de famille. La CTS a intensifié les contrôles à bord des trams pour lutter contre la fraude. « Le coût des transports est un vrai problème, abonde un membre de l’équipe éducative d’un lycée de Strasbourg. Certains de nos élèves sont à cinq euros près ». Pour ces « sécheurs » particuliers, les profs et membres de l’administration font preuve de mansuétude. «Une quinzaine d’entre eux » serait concernée, rien que pour la filière professionnelle de cet établissement.
Il y a bien une tarification sociale mise en place par la CTS en 2009, basée sur les quotients familiaux. Ils viennent d’être revalorisés, après dix ans de stagnation. Quatre gammes de prix sont disponibles. L’abonnement le plus modeste étant à 3,40 € pour les moins de 25 ans et les plus de 65 ans. « On réfléchit à un système de post-paiement pour éviter ces situations de blocage en début de mois mais cela implique le respect du paiement après usage », indique à 20 Minutes Alain Fontanel, le président du conseil d’administration de la CTS. Sa crainte ? Que les abonnements ne soient pas réglés après avoir été mis à disposition par la CTS. Le collectif pour la gratuité des transports demande un moratoire sur les contrôles à bord des trams en début de mois pour permettre aux jeunes concernés de voyager en toute sérénité.