20 Minutes (Strasbourg)

Faut-il dire « football » ou « football féminin », telle est la question

Un débat sur l’appellatio­n « football féminin » est apparue

- Aymeric Le Gall

En cette période de Coupe du monde, le contexte est propice pour traiter de nombreux thèmes de société liés à la pratique du football par les femmes. Parmi eux, la sémantique. L’ancienne footballeu­se pro Mélissa Plaza, désormais docteure en psychologi­e sociale et spécialisé­e dans les questions de genres, publiait récemment dans Le Monde une chronique intitulée «Ne plus jamais dire “football féminin”». « Puisqu’on ne parle jamais de football masculin, ça sous-entend que, par essence, le football est masculin, développe l’ex-joueuse de l’OL. Or ce sont les mêmes règles, chez les filles et chez les garçons.»

« A un moment, on est bien obligé de dissocier pour savoir de quoi on parle. »

Frédérique Jossinet, directrice du football féminin à la FFF

Même sentiment du côté de l’ancienne footballeu­se Mélina Boetti, qui se dit « agacée » par cette appellatio­n : « Le fait de dire “football féminin” pour les femmes et “football” pour les hommes, ça implique qu’il y a le foot, le vrai, et le petit truc à côté, les filles qui sont sympas, qui tapent entre elles dans un ballon. » Le débat est ouvert, au grand désarroi de Frédérique Jossinet, la directrice du football féminin à la FFF : « Je suis d’accord, c’est le même sport, ce sont les mêmes règles, mais à un moment, on est bien obligé de dissocier pour savoir de quoi on parle. C’est le cas dans les autres sports, on parle de rugby féminin, de hand féminin…» D’un point de vue journalist­ique, le débat existe aussi. A 20 Minutes, une cellule de réflexion a été mise en place afin de savoir comment titrer nos papiers. A l’arrivée, nous avons décidé de garder l’appellatio­n « Coupe du monde féminine », mais uniquement pour des raisons pratiques, et notamment de référencem­ent sur le Net. Pour autant, nous réfléchiss­ons actuelleme­nt à revoir notre position à l’avenir. A L’Equipe, c’est peu ou prou à la même conclusion que sont arrivés les chefs de service. « En tant que média, on a comme devoir de s’adresser aux lecteurs de la façon la plus claire, cohérente et compréhens­ible possible, indique Hervé Fouillet, rédacteur en chef. Quand il y a un doute, on va parler de football féminin. Après, si on est dans un environnem­ent qui permet de comprendre d’emblée qu’on est dans un espace qui va traiter de foot féminin, il est clair que ce n’est pas essentiel de le répéter. » A 20 Minutes, le temps et la popularité du football féminin ont fait leur oeuvre. Il y a quatre ans, nous publiions un article intitulé « Buteuse, entraîneur­e… comment faut-il appeler les joueuses de foot ? » Nous avons désormais arrêté notre position et écrivons « défenseuse », « entraîneus­e » et « attaquante ». Preuve que, dans la sémantique du foot féminin, tout est une question de réflexion, d’évolution et d’adaptation.

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Diacre et Le Sommer, sélectionn­euse et attaquante de l’équipe de France.

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