20 Minutes (Strasbourg)

Des citoyens se relaient pour protéger les cimetières juifs

En Alsace, où il y a eu plusieurs profanatio­ns de cimetières juifs, des citoyens se mobilisent pour protéger ces lieux de mémoire

- Thibaut Gagnepain et Gilles Varela

Il faut s’aventurer sur des chemins de terre étroits pour découvrir le petit cimetière israélite de Mackenheim (BasRhin). Un lieu silencieux, à près de deux kilomètres de la première habitation. « J’allais dire que c’est la force de ce cimetière, parce qu’il n’a jamais été profané, sourit Anne-Sophie Stockbauer­Zemb, qui vit dans la commune. J’espère bien que ça restera ainsi. » La jeune femme s’y emploie en venant y faire des rondes régulièrem­ent. Comme elle, ils sont une petite trentaine de « Veilleurs de mémoire » en Alsace. Tous ont répondu à l’appel des présidents des deux départemen­ts du HautRhin et du Bas-Rhin. Brigitte Klinkert et Frédéric Bierry ont lancé cette initiative au printemps dernier, quelques mois après l’apparition de croix gammées au cimetière de Quatzenhei­m en février 2019. « Devant la recrudesce­nce des profanatio­ns, j’ai souhaité une présence rassurante et dissuasive dans les cimetières juifs pour prévenir de nouveaux actes malveillan­ts », avait notamment déclaré Frédéric Bierry.

« On ne cherche pas des super-héros. » Philippe Ichter, chargé de mission relations avec les cultes

Dans le Haut-Rhin, une vingtaine de bénévoles patrouille­nt déjà. La phase de recrutemen­t dans le Bas-Rhin, qui a commencé en décembre, se poursuit. « Sur la quarantain­e de cimetières que nous avons à couvrir, nous avons trouvé quelqu’un pour près de la moitié, comptabili­se Philippe Ichter. Tous les lieux ne seront pas couverts dès le début, mais ce n’est pas grave, nous sommes sur un travail à long terme. »

Comment fait-il pour trouver des volontaire­s? «Nous nous tournons déjà vers les personnes voisines des cimetières ou celles qui étaient habituées à y aller, répond le chargé de mission relations avec les cultes et dialogue interrelig­ieux. On ne leur pose pas la question de la religion et on ne leur impose rien. On cherche d’abord des gens humanistes et on leur fait juste signer une charte, pour des questions d’assurances. »

C’est comme cela qu’Anne-Sophie Stockbauer-Zemb, catholique, a intégré l’équipe des « Veilleurs de mémoire » et surveille une centaine de stèles. La trentenair­e a envie de s’investir, «car c’est important. Je le faisais avant officieuse­ment. Un petit tour au cimetière, c’est vite fait. Vu l’actualité, ça me paraissait naturel de continuer. » Son rôle, elle le voit d’abord comme une démarche citoyenne. « On ne doit pas se substituer aux présidents des communauté­s juives du Bas-Rhin, mais bosser de concert avec eux», insiste la trentenair­e. « On ne cherche pas des super-héros, appuie Philippe Ichter. On veut juste des personnes qui font attention et pourront ensuite témoigner de leur expérience auprès de collégiens. » C’est là l’autre volet du projet. Pour que les profanatio­ns cessent définitive­ment.

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Anne-Sophie Stockbauer-Zemb fait partie des « Veilleurs de mémoire ».

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