20 Minutes (Strasbourg)

Des racines et des ailes

Le collectif Horizome, qui fête ses 10 ans cette année, permet aux habitants des quartiers de Strasbourg de réaliser leurs idées

- Nils Wilcke

Présent depuis 2009 à Strasbourg, le collectif Horizome a réussi à s’implanter durablemen­t dans le quartier de Hautepierr­e. Horiquoi ? « C’est l’associatio­n des mots horizon et rhizome. Comme une racine du riz qui pousse de façon anarchique, mais qui suit une certaine logique », explique Grégoire Zabé, artiste et designer au sein du collectif.

Composée d’artistes, de chercheurs en sciences sociales et en urbanisme, Horizome tente à sa manière de remettre en question l’enclavemen­t du quartier en associant ses habitants. Jardins participat­ifs, exposition­s, résidence d’artistes, travail de mémoire et de mobilités… Le collectif, fondé par une anthropolo­gue et une vidéaste, lance plusieurs projets qui finissent par l’implanter à Hautepierr­e.

La démarche n’allait pourtant pas de soi au début. « Il a fallu du temps pour tisser des liens de confiance avec les gens, confie Grégoire Zabé. Au début, notre démarche n’était pas forcément comprise. » Le collectif teste des idées pour comprendre les besoins des résidents. En 2013, le réaménagem­ent de la place Erasme connaît un franc succès. Horizome construit une aire de jeux, des structures pour la musculatio­n, et des bancs à partir des idées des habitants, épaulés par le collectif strasbourg­eois Délits d’Archi, des étudiants de l’école d’architectu­re strasbourg­eoise et d’autres associatio­ns. « Les constructi­ons en bois n’étaient pas censées durer, mais elles sont toujours là, ce qui nous a confortés dans notre projet », avance Grégoire Zabé.

Un «rôle de facilitate­ur»

« Les gens ont besoin de se réappropri­er leur espace, poursuit l’artiste. L’objectif n’est pas d’offrir des solutions toutes faites, mais, au contraire, que les gens les trouvent eux-mêmes. Nous jouons le rôle de facilitate­ur.» Utopique, Horizome ? « On ne s’interdit pas de faire vivre les utopies », répond

Grégoire Zabé. Financé par la collectivi­té à son origine, le collectif s’est diversifié après une baisse de subvention en 2017.

Le collectif assume depuis l’été, avec l’associatio­n l’Etage, la gestion de l’ancienne clinique Sainte-Odile, à Neudorf. Le bâtiment sert de lieu d’hébergemen­t provisoire en attendant d’être repris par un promoteur. Le collectif a également été sollicité par l’associatio­n PAR ENchanteme­nt à Koenigshof­fen pour revoir l’aménagemen­t de la place Nicolas-Appert. De quoi laisser présager de nombreux projets pour la prochaine décennie.

«Il a fallu du temps pour tisser des liens de confiance avec les gens. » Grégoire Zabé, artiste

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Un studio de graphisme animé par les artistes, en 2014.

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