«On ne sait pas quelle sera la diffusion de ce virus»
L’épidémiologiste Arnaud Fontanet estime que la France dispose des structures sanitaires nécessaires
Un vent de panique souffle sur la France. Alors que six personnes ont été infectées par le coronavirus venu de Chine, une vague d’inquiétude semble gagner la population. Cette peur est-elle justifiée ? 20 Minutes a interrogé l’épidémiologiste Arnaud Fontanet (photo), directeur au département de santé globale à l’Institut Pasteur.
A-t-on raison d’avoir peur de ce coronavirus ?
Nous sommes devant une situation inédite. Il y a donc une part d’anxiété tout à fait légitime. On ne sait pas quelle sera la diffusion de ce virus dans la population. On est en train de recueillir les premières informations. Nous avons en France un système de surveillance déjà opérationnel.
Quelle est votre principale inquiétude concernant ce virus ?
La diffusion possible du virus dans des pays aux structures sanitaires plus fragiles, comme l’Inde, les Philippines, ceux de l’Afrique subsaharienne. Si d’autres foyers épidémiques s’installaient, cela compliquerait notre capacité à contrôler l’épidémie à l’échelle mondiale. Le long terme nous dira quelle sera la sévérité réelle de ce virus.
Sait-on comment va évoluer l’épidémie au cours des prochaines semaines ?
C’est encore trop tôt pour le dire. Par ailleurs, ce sont des virus saisonniers, il faudra voir l’impact que des températures plus clémentes pourront avoir.
On parle du « coronavirus » mais, en réalité, il en existe plusieurs…
Il existe déjà six coronavirus qui infectent les hommes. Quatre sont saisonniers, dont ceux qui donnent les rhumes. Pour l’instant, sur les formes hospitalisées, ce nouveau coronavirus peut tuer 10 % à 15 % des personnes.
Quelles sont les personnes les plus touchées par ce coronavirus ?
Pour l’instant, les adultes sont les plus touchés. En particulier les personnes âgées de plus de 65 ans susceptibles de faire des complications et de décéder.
Plusieurs centaines de personnes rapatriées de Chine ont été mises en quarantaine (lire ci-dessous). Cette mesure est-elle efficace ?
C’est une bonne mesure. Ils sont placés en quarantaine durant quatorze jours, c’est la durée maximale d’incubation de la maladie. S’ils étaient infectés dans cette période, nous le saurions.
Des recherches sont-elles en cours pour trouver un vaccin ?
Oui, mais cela prend du temps. Selon les estimations les plus optimistes, ce vaccin serait prêt d’ici un an.