20 Minutes (Strasbourg)

Le député PS Boris Vallaud a répondu à vos questions

Le député PS Boris Vallaud répond à vos questions sur le projet de réforme

- Propos recueillis par Laure Cometti

Depuis des mois, le sujet des retraites est au coeur des débats. Le projet de loi du gouverneme­nt est examiné par une commission spéciale depuis lundi à l’Assemblée nationale, préalable au débat public qui s’ouvrira le 17 février dans l’Hémicycle. Après avoir donné la parole à un défenseur du projet, le député LREM Olivier Véran, le 24 janvier, nous avons transmis vos questions à un opposant à la réforme, le député des Landes Boris Vallaud, porte-parole du Parti socialiste.

Corinne et Frédéric, nés avant 1975, demandent si la réforme va modifier leur pension. Le gouverneme­nt assure que non…

C’est un mensonge. Les personnes nées avant 1975 verront leurs cotisation­s retraites affectées dans le cadre des transition­s des régimes actuels vers le régime futur. Il est très probable qu’elles devront cotiser plus, sans que cela leur ouvre plus de droits.

Ne seront-ils pas concernés par l’âge pivot ?

Le principe de cette réforme, c’est qu’il n’y a plus de durée de cotisation, mais un âge pivot, ou d’équilibre. Si vous partez un an avant, votre pension baissera de 5%; si vous partez deux ans avant, elle diminuera de 10 %… Vous pensiez pouvoir partir à 62 ans à taux plein ? Si l’âge pivot est à 65 ans, comme prévu dans le projet de loi, alors vous perdrez 15 % de votre retraite (cinq points par année non travaillée).

Laurène s’inquiète : « L’âge d’équilibre évoluera-t-il ? »

Oui, c’est inscrit dans le texte. De 65 ans, pour les premières génération­s concernées à l’entrée en vigueur de la réforme, il est déjà prévu de monter à 65,5 ans pour les gens nés à partir de 1980, puis 66 ans pour les personnes nées à partir de 1987, et ainsi de suite. Le gouverneme­nt veut fixer une règle : tout gain d’espérance de vie moyenne d’une gé- nération sera attribué pour deux tiers au recul de l’âge pivot.

Des lecteurs demandent si les périodes de chômage, de maladie ou de congés parentaux seront mieux prises en compte avec la réforme du gouverneme­nt, comme il le prétend…

Sur les congés parentaux, les cas types publiés par le gouverneme­nt faisaient apparaître qu’une femme avec deux enfants y perdait par rapport au système actuel. Les chômeurs, eux, seront doublement perdants. Les périodes de chômage

« Si vous partez un an avant, votre pension baissera de 5%; si vous partez deux ans avant, elle diminuera de 10 %… »

« La question de l’emploi des seniors devait être un préalable, mais le gouverneme­nt fait tout à l’envers. »

non indemnisée­s ne créeront pas de points. Les périodes indemnisée­s créeront moins de droits, car, dans le système actuel, on cotise pour sa retraite, pendant une période de chômage, sur la base de son dernier salaire perçu. Après la réforme, on cotisera sur la base de l’allocation-chômage reçue [inférieure au dernier salaire].

Plusieurs lecteurs pointent les difficulté­s des seniors à trouver un emploi. Christine demande si cette réforme, fixant un âge d’équilibre à 64 ans, ne va pas mettre ces personnes au chômage ?

La question de l’emploi des seniors devait être un préalable, mais le gouverneme­nt fait tout à l’envers. Le taux d’emploi des seniors, pour les 54-65 ans, est de 50 %. A 64 ans, un tiers des Français a un emploi. Avec un âge pivot fixé à 65 ans, les vieux travailleu­rs auront le choix entre le chômage ou une retraite avec une décote.

 ??  ??
 ?? B.Guay/AFP ?? Boris Vallaud, à l’Assemblée.
B.Guay/AFP Boris Vallaud, à l’Assemblée.

Newspapers in French

Newspapers from France