Le mangaka Inio Asano se livre sur ses créations
Inio Asano dévoile à «20 Minutes» la genèse et l’univers de ses histoires
Inio Asano est peut-être le mangaka le plus important de sa génération, avec des chefs-d’oeuvre comme Solanin, Bonne nuit Punpun ! ou sa série actuelle, Dead Dead Demon’s DeDeDeDe Destruction. Son éditeur, Kana, a sorti une nouvelle anthologie et réédité le recueil Un monde formidable, à l’occasion du festival d’Angoulême, dont l’auteur était l’invité d’honneur. Inio Asano commente son oeuvre pour 20 Minutes.
˃ Un monde formidable, Inio Asano Anthology et autres histoires
courtes. « Si je ne devais conseiller qu’une seule oeuvre, courte, pour découvrir mon travail, ce serait le recueil Inio Asano Anthology. Déjà, parce qu’il est le plus récent, et donc plus abouti techniquement. Je peux le montrer avec fierté. La première histoire, Retsuko, le monstre, et sa lycéenne à tête d’insecte, et la dernière,
Champignon, Pousse de bambou, un récit de guerre avec des Lilliputiens, à l’origine de ma série DDDD, sont très représentatives. »
˃ Solanin. « A travers l’histoire de Meiko et Naruo, je parle de l’idéal d’une jeunesse et la défaite, la désillusion, qui s’ensuit. C’est finalement quelque chose d’assez universel. Je l’ai moimême vécu. Solanin est vraiment ce qu’on appelle une oeuvre de jeunesse. J’avais alors la petite vingtaine. Elle est un instantané de ce moment de ma vie et de ma carrière.»
˃ Bonne nuit Punpun! « Avant Solanin, je ne me considérais pas encore comme un mangaka à part entière. Après, je me suis rendu compte que, si je voulais en faire mon métier, il fallait que je sois capable de dessiner des séries longues. J’ai alors réfléchi à un thème. Et mon moteur est l’introspection. Punpun est un héros assez pessimiste, voire dépressif. Si je l’avais dessiné de manière réaliste [il apparaît toujours sous les traits d’un drôle d’oiseau], je ne suis pas sûr que les lecteurs auraient été à l’aise avec lui. »
˃ Dead Dead Demon’s DeDeDeDe
Destruction. « Avec DDDD et son vaisseau spatial au-dessus de Tokyo, l’idée était de parler du Japon et de sa jeunesse après l’accident de Fukushima, comment nous avons une nouvelle façon de voir les choses. Mais je voulais aussi créer des personnages attachants. Soit deux choses a priori opposées. DDDD est donc une histoire de cohabitation, dans tous les sens du terme, entre mes obsessions personnelles et un manga plus mainstream. »
˃ La Fille de la plage. « Le sexe a toujours été présent dans mes oeuvres, comme un élément du quotidien. Je n’en faisais jamais le sujet principal. Mais je sentais qu’il serait intéressant de m’y attaquer frontalement. C’est tombé au même moment où il y a eu de plus en plus de restrictions sur la représentation de la sexualité dans le manga. J’ai eu la chance de pouvoir publier La Fille de la plage [éd. IMHO] dans un magazine ouvert à ces questions,
Manga Erotics F, qui n’existe d’ailleurs plus aujourd’hui [il a cessé de paraître en 2014]. Pour moi, en tant que créateur, c’était une étape importante de ma carrière. »
« Dans Solanin, je parle de l’idéal d’une jeunesse et de la désillusion qui s’ensuit.»