20 Minutes (Strasbourg)

« On ne connaît aucun traitement »

La scientifiq­ue Christine Tayeh, de l’Anses, explique les particular­ités du «virus de la tomate», qui se propage mondialeme­nt

- Propos recueillis par Jean-Loup Delmas

Il ravage des cultures entières de tomates, poivrons et piments. Le ToBRFV, «virus de la tomate», alerte l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentati­on, de l’environnem­ent et du travail (Anses), est en train de se propager mondialeme­nt. Lundi, dans un communiqué, l’Anses a mis en garde la France, encore épargnée. 20 Minutes évoque ce virus avec Christine Tayeh, coordinatr­ice scientifiq­ue au laboratoir­e de la santé des végétaux à l’Anses.

Qu’est-ce que ce « virus de la tomate » ?

Il s’agit d’un virus apparu en Israël et en Jordanie autour de 2014-2015. Il s’attaque aux cultures de tomates, de poivrons et de piments, les rendant impropres à la consommati­on. Ce virus a la particular­ité de vivre très longtemps sans perdre son pouvoir de nuisance. Il se transmet par simple contact. Autre manière de diffusion du virus : les semences des plantes infectées, par lesquelles il se dissémine rapidement dans l’espace. De fait, il se transmet très vite et cause des dégâts. Il est déjà répandu en Amérique et dans plusieurs pays d’Europe, notamment frontalier­s de la France.

Ce virus est-il dangereux pour l’homme ?

Non, il l’est uniquement pour les végétaux. S’il y a une consommati­on par inadvertan­ce d’un végétal atteint par le virus, il n’y aura aucun risque de santé pour l’humain.

Quelles seraient les pires conséquenc­es imaginable­s ?

Dans le scénario le plus sinistre, il y aurait une pénurie de tomates, poivrons et piments. On ne connaît aucune variété de ces légumes qui résistent au virus, ni aucun traitement actuelleme­nt, même si plusieurs études sont déjà mises en place à ce sujet. Mais il faut bien rappeler que ce scénario est de loin le plus pessimiste. Dans les faits, de nombreux traitement­s sont déjà en cours de recherche pour essayer de trouver une solution contre le virus. Dans l’attente de pouvoir le combattre, des mesures sont prises pour limiter au maximum sa propagatio­n, ce qui serait déjà une excellente chose.

Il s’agirait de faire quoi ?

Des mesures d’urgence ont été prises au niveau européen, afin de ne plus importer de plantes ou de semences de ces légumes à partir de pays contaminés. Mais, à l’Anses, et c’est le but de notre communiqué, on pense qu’il faudrait faire plus, notamment ne plus importer de végétaux de ces pays contaminés, et non pas seulement ceux sensibles au virus. On milite également pour une surveillan­ce structurée et une détection précoce du ToBRFV, ce qui permettra d’appliquer rapidement les mesures de lutte. Enfin, de meilleures recherches, pour une connaissan­ce plus approfondi­e du virus, seront évidemment nécessaire­s.

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L’Anses craint que le virus n’atteigne les plantation­s françaises.

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