Le Rassemblement national possède une stratégie bêtes
Le parti de Marine Le Pen promet une mutuelle animaliste à prix réduit
Pour conquérir au-delà des dix villes qu’il gère depuis 2014, le RN mise notamment sur les animaux, ou plutôt leurs propriétaires. Une proposition détone dans le programme commun à tous les aspirants maires RN. Entre les promesses de non-augmentation des impôts locaux et de lutte contre la délinquance, le parti s’engage à négocier une mutuelle pour animaux de compagnie, à des tarifs en dessous de ceux du marché. L’idée est née à Buxerolles, dans la banlieue nord de Poitiers, en septembre, dans la tête d’Arnaud Fage, tête de liste du parti. «En faisant du porte-à-porte, j’ai constaté que beaucoup de personnes souffraient d’isolement, et que leur compagnon était un animal domestique. Or cela a un coût, et ces personnes isolées ont souvent peu ou pas de moyens », raconte cet infirmier. Le trentenaire imagine alors, sur le modèle des mutuelles communales, de négocier pour ses administrés, s’il devient maire, un tarif groupé de mutuelle animaliste. Le candidat distribue en octobre un millier de tracts dans la commune.
Un réservoir de voix
En novembre, Arnaud Fage présente sa promesse de campagne à Marine Le Pen, qui vit, elle aussi, avec plusieurs félins. Sa proposition se retrouve dans le programme commun pour les municipales.
Le réservoir de voix potentielles y est sûrement pour beaucoup. « Un foyer sur deux possède au moins un animal de compagnie, rappelle Daniel Boy, directeur de recherche à Sciences po Paris. C’est un électorat dont la sociologie est très variée, et auquel les partis ne s’adressent pas, à l’exception du Parti animaliste et des écologistes.» Six Français sur dix déclarent que des mesures pour la cause animale les inciteraient à voter pour un candidat aux municipales, selon un sondage mené en janvier par l’Ifop pour la Fondation 30 Millions d’amis. Depuis plusieurs années, la présidente du RN met en scène son amour des animaux. Elle avait dédié une partie de son programme présidentiel de 2017 au «bien-être animal», une «priorité nationale». Dénonçant la «souffrance animale» Marine Le Pen s’en prend à «l’abattage halal» et à « l’importation de produits agricoles ne respectant pas les normes françaises de protection des animaux». Pour le scrutin municipal, le RN mise sur les animaux de compagnie plus que sur les questions d’élevage ou de pesticides. « C’est un thème qui permet de ne pas froisser l’électorat agricole», explique Daniel Boy. Marine Le Pen a aussi annoncé sur Twitter soutenir la création de refuges pour chats errants. Mais d’autres partis s’emparent de ce thème. Le 6 février, la présidente de la région Ile-de-France, l’ex-LR Valérie Pécresse, a présenté un plan pour les animaux, prévoyant «un permis d’adopter », des aides financières pour les refuges ou des espaces dédiés aux animaux de compagnie et un label «ville amie des animaux».