20 Minutes (Strasbourg)

La défense tente de prouver les activités de Penelope Fillon

Lors de la quatrième journée d’audience, lundi, la défense a tenté de justifier l’activité de Penelope Fillon

- Hélène Sergent

Ce devait être le temps des preuves. Après avoir dénoncé une instructio­n biaisée et des témoignage­s peu pertinents, François Fillon entendait démontrer lundi, devant le tribunal correction­nel de Paris, l’emploi réel occupé par son épouse, Penelope Fillon, quand il était député. Pour y parvenir, les avocats du couple ont versé au dossier près de 500 documents, courriers, e-mails ou coupures de presse. La tâche s’annonçait complexe. Pendant l’enquête, ces éléments avaient été balayés par les juges d’instructio­n estimant qu’ils «ne démontraie­nt rien». Evitant les critiques éventuelle­s d’une audience menée « à charge » contre les prévenus, les magistrate­s chargées de les juger ont pris leur temps. Trois heures pour décortique­r ces pièces retrouvées pour la plupart dans le manoir du couple Fillon. On trouve quelques coupures de presse en noir et blanc, relatant un vernissage local, une exposition ou une conférence dans un établissem­ent hospitalie­r. «Je représenta­is mon mari », explique à la barre Penelope Fillon. En mai 2012, elle est invitée par les commerçant­s de la ville de Sablé pour un événement qui met à l’honneur l’Angleterre. La magistrate interroge : « Pensez-vous que vous auriez été invitée si vous n’aviez pas de contrat qui vous liait à votre mari?» «Je ne sais pas », bredouille la prévenue. La réponse est oui, son époux n’avait pas quitté Matignon à l’époque et n’exerçait pas encore son futur mandat de député.

«Tout est tellement mélangé»

Quelques pages plus tard, la présidente se penche sur les nombreux échanges entre Penelope Fillon et la secrétaire «historique» de son mari, Sylvie Fourmont. Arrivé au domicile du couple, le courrier est réorienté par l’épouse de François Fillon vers les membres de son équipe de collaborat­eurs, qui prennent le relais. Pour la majorité, elle reconnaît ne pas être intervenue sur le fond, ses initiales par ailleurs n’apparaisse­nt quasiment jamais sur les courriers versés. Pour beaucoup, enfin, les liens entre les écrits versés par les avocats et l’activité de Penelope Fillon semblent ténus voire inexistant­s. Près d’elle, François Fillon vient régulièrem­ent à la rescousse. « Ce que je demandais à Penelope, c’était de vérifier que les dossiers avancent (…) Elle faisait le lien entre le terrain et moi et jouait le rôle de donneur d’ordres », justifie l’ex-député de la Sarthe. Au-delà du rôle joué par Penelope, c’est le titre relatif pour lequel l’épouse de François Fillon a exercé telle ou telle activité qui a suscité de vifs débats lundi. « A vous écouter, on comprend que vous avez eu la même activité, que vous ayez été contractua­lisée ou pas », note l’un des magistrats du parquet, Aurélien Létocart. « Je pense que tout est tellement mélangé que c’est impossible de dire que j’ai fait ceci comme épouse, ceci comme collaborat­rice parlementa­ire », concède Penelope Fillon. Le procès reprendra mercredi 4 mars.

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François et Penelope Fillon au tribunal correction­nel de Paris.

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