20 Minutes (Strasbourg)

Quand peut-on faire jouer son droit de retrait au travail?

- Caroline Politi

Fermé jusqu’à nouvel ordre. Lundi, touristes et amateurs d’art ont trouvé porte close devant le Louvre, à Paris. Depuis dimanche, les salariés du musée font valoir leur droit de retrait, s’estimant menacés par l’épidémie de coronaviru­s. L’article L4131-1 du Code du travail autorise tout salarié, quelle que soit son activité, à cesser son activité dès lors qu’il a un « motif raisonnabl­e de penser » qu’une situation « présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé». Aucun préavis n’est nécessaire, mais l’employeur doit être averti en amont et connaître les raisons de ce retrait. « L’employé n’a pas à prouver qu’il est en danger, mais seulement qu’une situation lui fait potentiell­ement courir ce risque », précise Me Eric Rocheblave, avocat spécialisé en droit du travail.

En clair : c’est le sentiment d’être en danger qui prime. Contrairem­ent au droit de grève, le droit de retrait ne peut faire l’objet de sanction disciplina­ire ou de retenue de salaire. En revanche, si l’employeur estime que ses salariés en abusent, il peut saisir un juge prud’homal, qui appréciera la situation. Si ce dernier constate un abus, le salarié risque une retenue sur salaire, voire une sanction allant jusqu’au licencieme­nt. « Le droit de retrait est individuel, chaque situation est différente, note Eric Rocheblave. La situation de l’employé de la boutique souvenirs, en contact permanent avec les touristes, sera différente de celle du comptable.» A l’inverse, si le juge estime que l’entreprise n’a pas pris toutes les dispositio­ns nécessaire­s, elle pourrait être condamnée.

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