Quand l’écotourisme se fait collaboratif
Innovation Difficile de naviguer dans la jungle des labels de tourisme écoresponsable. Pour y voir plus clair, des initiatives voient le jour
Les labels d’écotourisme sont une jungle mal balisée. EarthCheck, Green Globe, La Clef verte, Ecolabel européen, Pavillon bleu : on en compte plus d’une cinquantaine au total. Partir en weekend, ou en vacances, en cherchant à réduire son impact sur l’environnement est un casse-tête pour les voyageurs.
Pour les aider à y voir plus clair, quelques initiatives s’appuient sur l’expérience des utilisateurs. L’application mobile FairTrip « fait remonter et promeut des bonnes pratiques d’établissements touristiques partout dans le monde, et qui manquent de visibilité», explique Brian Corrieri, son fondateur. Depuis son lancement en 2017, l’appli compte 50000 téléchargements, pour 3000 à 6000 utilisateurs actifs par mois, qui ont référencé près de 3500 adresses. C’est l’équipe de FairTrip qui valide ensuite les établissements. Parmi eux, tous n’ont pas de label. « Certains fonctionnent juste en circuit court et ne l’affichent pas. Ce sont ce genre de choses qu’on cherche à mettre en valeur», poursuit-il.
L’idée de faire appel aux utilisateurs n’est pas nouvelle. Les guides touristiques papier se servent du crowd-sourcing depuis longtemps. Les géants comme TripAdvisor ont même bâti leur réputation sur ce concept. Mais Brian Corrieri regrette que les guides soient tous «formatés à l’occidentale». C’est pour contourner ce formatage qu’il a voulu créer cette application. C’est un pari similaire qu’a fait en 2017 la plateforme Chilowé. «Si vous êtes citadins et que vous avez envie de vous reconnecter avec la nature pour un week-end, c’est difficile de s’y retrouver», détaille Ferdinand Martinet, l’un des cofondateurs. L’idée est de regrouper au même endroit des idées originales et les informations pratiques pour vivre des « microaventures » proches de chez soi et respectueuses de l’environnement. Chilowé compte aujourd’hui une communauté de 100 000 utilisateurs, dont 10000 membres actifs.
8% des émissions
D’autres initiatives comme le city guide Tookki ou la plateforme collaborative Voy’agir se sont engagées dans cette voie. « Le crowd-sourcing est un pari ambitieux. C’est l’expérience des voyageurs qui est importante. Les cahiers des charges des labels sont trop contraignants», détaille Guillaume Cromer, un spécialiste en innovation touristique. Julien Buot, directeur du label Agir pour un tourisme responsable, salue l’arrivée sur le marché de ces nouveaux acteurs. «Nous avons besoin que les voyageurs ne soient plus seulement que des consommateurs.» A l’échelle mondiale, le tourisme est responsable de 8% des émissions de gaz à effet de serre. Avec ou sans label.
« C’est l’expérience des voyageurs qui est importante. » Guillaume Cromer, spécialiste en innovation touristique