Le masque s’imposera-t-il dans notre vestiaire?
Venu du monde de la santé publique, il intéresse déjà les fashion victimes
De type essuie-tout, façon bec de canard ou fait maison… Obligatoire dans les transports, vivement conseillé partout ailleurs, le masque est au centre des attentions depuis le début de l’épidémie de Covid-19. Mais deviendra-t-il, à l’instar de l’éventail, du chapeau ou de la cravate, un accessoire de mode ?
« Les accessoires de mode ont tous eu, dans le passé, une fonction pratique. » Marie-Laure Gutton, du Palais Galliera
Choisira-t-on son masque pour refléter notre personnalité ou notre place dans la pyramide sociale ? « Il est trop tôt pour répondre à ces questions, tranche Frédéric Godart, sociologue et spécialiste de la mode. Mais on peut discuter de la chose. » Ouf.
Marie-Laure Gutton, responsable du département accessoires au Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris, reprend les choses depuis le début : Néfertiti. « Les accessoires de mode ont tous eu, dans le passé, une fonction pratique. Chez les Egyptiens de l’Antiquité, par exemple, les gants devaient protéger de la chaleur. » « La pratique du port du masque va s’imposer en Occident, comme elle est devenue presque traditionnelle en Asie », analyse quant à lui Frédéric Godart, déjà très surpris de la façon dont cet accessoire s’est installé dans nos vies en deux mois. Marie-Laure Gutton souligne néanmoins que «les marques ont été dépassées par le do-it-yourself [lire l’encadré]. Elles ont peut-être eu un peu peur d’être taxées d’opportunisme si elles proposaient des masques. De leur point de vue, l’objet va, à mon avis, rester très perturbant. » La marque italienne Off White a tout de même proposé un masque très populaire à… 900 €.
Frédéric Godart note que le principal obstacle à l’acceptation du masque en tant qu’accessoire de mode est qu’il est « tabou, et même illégal, de se cacher le visage dans l’espace public ». Assigné à un usage sanitaire, anxiogène, boudé par les marques… Le masque pourrait avoir du mal à venir côtoyer les écharpes, les parapluies et les casquettes.
Le musée des Arts décoratifs, lui, a déjà prévu d’intégrer dans sa future exposition sur le luxe un flacon de gel hydroalcoolique produit par LVMH. Les masques intégreront-ils les collections du Palais Galliera? «Pourquoi pas», rigole Marie-Laure Gutton. Faute d’entrer dans nos vestiaires, le masque intégrerait ainsi la grande histoire des accessoires de mode.