20 Minutes (Strasbourg)

Le masque s’imposera-t-il dans notre vestiaire?

Venu du monde de la santé publique, il intéresse déjà les fashion victimes

- Benjamin Chapon

De type essuie-tout, façon bec de canard ou fait maison… Obligatoir­e dans les transports, vivement conseillé partout ailleurs, le masque est au centre des attentions depuis le début de l’épidémie de Covid-19. Mais deviendra-t-il, à l’instar de l’éventail, du chapeau ou de la cravate, un accessoire de mode ?

« Les accessoire­s de mode ont tous eu, dans le passé, une fonction pratique. » Marie-Laure Gutton, du Palais Galliera

Choisira-t-on son masque pour refléter notre personnali­té ou notre place dans la pyramide sociale ? « Il est trop tôt pour répondre à ces questions, tranche Frédéric Godart, sociologue et spécialist­e de la mode. Mais on peut discuter de la chose. » Ouf.

Marie-Laure Gutton, responsabl­e du départemen­t accessoire­s au Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris, reprend les choses depuis le début : Néfertiti. « Les accessoire­s de mode ont tous eu, dans le passé, une fonction pratique. Chez les Egyptiens de l’Antiquité, par exemple, les gants devaient protéger de la chaleur. » « La pratique du port du masque va s’imposer en Occident, comme elle est devenue presque traditionn­elle en Asie », analyse quant à lui Frédéric Godart, déjà très surpris de la façon dont cet accessoire s’est installé dans nos vies en deux mois. Marie-Laure Gutton souligne néanmoins que «les marques ont été dépassées par le do-it-yourself [lire l’encadré]. Elles ont peut-être eu un peu peur d’être taxées d’opportunis­me si elles proposaien­t des masques. De leur point de vue, l’objet va, à mon avis, rester très perturbant. » La marque italienne Off White a tout de même proposé un masque très populaire à… 900 €.

Frédéric Godart note que le principal obstacle à l’acceptatio­n du masque en tant qu’accessoire de mode est qu’il est « tabou, et même illégal, de se cacher le visage dans l’espace public ». Assigné à un usage sanitaire, anxiogène, boudé par les marques… Le masque pourrait avoir du mal à venir côtoyer les écharpes, les parapluies et les casquettes.

Le musée des Arts décoratifs, lui, a déjà prévu d’intégrer dans sa future exposition sur le luxe un flacon de gel hydroalcoo­lique produit par LVMH. Les masques intégreron­t-ils les collection­s du Palais Galliera? «Pourquoi pas», rigole Marie-Laure Gutton. Faute d’entrer dans nos vestiaires, le masque intégrerai­t ainsi la grande histoire des accessoire­s de mode.

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A Pelt, en Belgique, un magasin propose des masques plutôt stylés (ou non).

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