20 Minutes (Strasbourg)

La langue des signes a adopté et adapté les mots de la crise du nouveau coronaviru­s

La langue des signes française s’est fait une place à la télévision pendant la crise sanitaire. Mais le combat n’est pas encore gagné

- Clément Rodriguez

Il y a quelques mois, ils étaient quasi absents de l’espace médiatique. A la télévision, quelques émissions seulement faisaient appel à des interprète­s en langue des signes française (LSF), à l’instar de « Télématin » sur France 2 ou « Questions au gouverneme­nt » sur France 3. Mais depuis le début de la crise du coronaviru­s, les choses ont changé. Au lieu d’être dans une petite fenêtre en bas à droite de l’écran, les traducteur­s en LSF ont pris leur juste place, comme lors de l’interventi­on d’Emmanuel Macron à Angers, le 31 mars.

«Nous avons pu constater une forte augmentati­on de l’accessibil­ité en LSF dans des communicat­ions liées au Covid-19», se réjouit la Fédération nationale des sourds de France à travers un communiqué. Comment les interprète­s se sont-ils adaptés linguistiq­uement à la crise sanitaire ? Stéphan Barrère, interprète en LSF, a retrouvé ce qui s’apparente à «la vidéo zéro».

Et l’hydroxychl­oroquine?

Datée du 8 février, un homme y explique la façon dont est signé le mot « coronaviru­s » au Japon. La traduction se fait avec les deux mains, l’une fermée, et l’autre, posée à plat par-dessus, vient mimer la couronne avec les doigts écartés.

Mais ce n’est pas si simple pour d’autres mots scientifiq­ues, tels que « hydroxychl­oroquine ». Aucun signe n’a encore fait consensus dans la LSF, d’après Stéphan Barrère. Il a alors fallu s’adapter au moment des points presse de Jérôme Salomon, auxquels l’interprète a participé : «Je suis allé sur Wikipédia, où l’on trouve l’abréviatio­n chimique de la molécule, HCQ », confie-t-il. Une solution qu’il a donc privilégié­e. Sur la forme, il faut aussi tenir le rythme. La difficulté réside dans l’accumulati­on de chiffres, et tout cela sans pause : «Les interventi­ons de Jérôme Salomon étaient la seule solution d’informatio­n fiable quotidienn­e que les sourds avaient sur l’évolution de la maladie. On comprend donc l’importance de ces dix minutes qu’offrait le ministère des Solidarité­s et de la Santé», décrypte l’interprète.

En France, on estime à 300000 le nombre de sourds. Le défi de la société est désormais de faire des efforts afin de se rendre plus accessible visà-vis d’eux.

 ??  ??
 ??  ?? Emmanuel Macron accompagné d’une interprète en LSF, le 31 mars.
Emmanuel Macron accompagné d’une interprète en LSF, le 31 mars.

Newspapers in French

Newspapers from France