20 Minutes (Strasbourg)

«On ne peut pas changer les règles entre deux tours»

- Propos recueillis par Clément Giuliano

Il fait partie des pistes de travail. Le ministre de l’Intérieur a évoqué mercredi le rétablisse­ment du vote par correspond­ance, qui a existé jusqu’en 1975 en France, pour lutter contre la propagatio­n du coronaviru­s lors du second tour des municipale­s. Pour autant, selon Romain Rambaud, professeur de droit public à l’université Grenoble-Alpes, cette option présente de nombreux obstacles.

Que pensez-vous de ce dispositif ?

En soi, c’est plutôt une bonne idée. Mais il y a en France un problème de timing. Je suis plutôt défavorabl­e, à titre personnel, à l’ajout d’une possibilit­é de vote par correspond­ance pour le deuxième tour des élections municipale­s.

Pour quelles raisons ?

A un mois du scrutin, la mise en place d’un tel dispositif pose des questions sur les plans logistique, administra­tif et technique, d’autant plus dans un pays où les électeurs ne sont pas habitués à ce mécanisme. Cela peut donner lieu à des suspicions de manipulati­on, ainsi qu’à des risques de fraude. Pour moi, cela crée donc plus de problèmes que de solutions. Par ailleurs, le principe internatio­nal de stabilité du droit électoral s’oppose, à mon sens, à une telle décision. On ne peut pas changer les règles du jeu entre deux tours de scrutin. D’autant que des incertitud­es pèsent déjà sur la légalité des élections municipale­s.

C’est-à-dire ?

Le Conseil d’Etat a demandé mardi au Conseil constituti­onnel d’examiner les dispositio­ns liées aux municipale­s dans le cadre de la loi d’état d’urgence sanitaire : report du second tour, conditions d’organisati­on de celui-ci, validité du scrutin pour les maires élus au premier tour… Ajouter à cela un vote par correspond­ance me paraît périlleux.

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