Durent, durent les tractations
L’entre-deux-tours des municipales aura duré près de trois mois, au point d’influer sur le jeu des alliances entre les candidats.
Une vague verte, le joli score de Catherine Trautmann, une très forte abstention (65,62%) et une possible quadrangulaire… Voilà, en résumé, à quoi ressemblait le 1er round des municipales à Strasbourg. Plus de deux mois plus tard, la campagne a repris vendredi avec l’annonce de la date du second tour. Il aura finalement lieu le 28 juin. A quoi ressemblera-t-il ? On tente d’y voir plus clair.
Jeanne Barseghian en ballottage favorable. En tête le 15 mars avec 27,87% des voix, la candidate EELV s’annonce comme la favorite du prochain scrutin. Jeanne Barseghian pourrait devenir la première maire écologiste de la ville, forte d’une marge non négligeable sur ses concurrents Alain Fontanel (19,86%), Catherine Trautmann (19,77%) et Jean-Philippe Vetter (18,26%). Les quatre peuvent-ils repartir seuls chacun de leur côté dans un mois? «Oui, une quadrangulaire inédite est possible mais elle serait risquée», répond Sébastien Michon, directeur de recherche au CNRS à Strasbourg. «Ceux qui ne font pas de liste commune s’exposent à une alliance de la part de leurs adversaires et donc à une potentielle défaite.» C’est pour éviter cela que des négociations ont lieu en ce moment entre les camps. Avec une personne au centre du jeu : Catherine Trautmann.
«La clé» Trautmann. Revenue sur le devant de la scène après le retrait de Matthieu Cahn mi-février, l’ancienne ministre a effectué une remontée spectaculaire avec le PS. Au point de se positionner, aujourd’hui, comme l’arbitre de ces municipales à Strasbourg. «La clé du second tour se situe dans son entente avec la liste de Jeanne Barseghian, confirme Sébastien Michon. Si un accord est trouvé, l’élection sera presque jouée.» Les enchères sont donc ouvertes. La présidence de l’Eurométropole pourrait-elle la séduire? «C’est un rôle qui l’intéresse», confirme le directeur de recherche au CNRS, qui ne voit en revanche pas Alain Fontanel se rapprocher de l’ancienne maire de Strasbourg. « Il y a de sérieuses inimitiés entre les deux listes. » La tête de liste LREM pourrait repartir seule, ou se tourner vers le représentant LR, Jean-Philippe Vetter.
Sans alliance, Fontanel peut-il remonter ? En tant que premier adjoint, Alain Fontanel a multiplié les interventions pendant cette crise sanitaire. Le contexte peut-il lui être favorable ? « Je ne crois pas, estime Sébastien Michon.
Le coronavirus était déjà présent dans l’esprit des électeurs au premier tour. Aucun des candidats n’a changé à lui seul les choses donc je ne vois pas pourquoi un seul en tirerait bénéfice. » Le salut d’Alain Fontanel pourrait alors venir d’un rapprochement avec JeanPhilippe Vetter. «Ils pourront s’entendre si ça n’aboutit pas du côté BarseghianTrautmann car la victoire sera alors possible. Sinon, je ne crois pas que le candidat LR y aura vraiment intérêt. On verra bien. » Il ne faudra pas beaucoup de patience. Les listes doivent être déposées d’ici le 2 juin.