20 Minutes (Strasbourg)

L’apprentiss­age en état d’alerte après le déconfinem­ent

La filière, qui attend des annonces d’aides du gouverneme­nt ce jeudi, risque un coup d’arrêt sévère à la rentrée prochaine

- Delphine Bancaud

Il paraît loin le temps où l’on célébrait le boom de l’apprentiss­age. Pourtant, c’était en février. La ministre du Travail, Muriel Pénicaud, annonçait alors une hausse de 16% du nombre de jeunes entrés en apprentiss­age entre 2018 et 2019. Quatre mois plus tard, l’heure n’est plus à la fête. La crise du coronaviru­s a touché les entreprise­s, notamment les PME, grandes pourvoyeus­es de contrats en apprentiss­age.

Affaiblies, nombre d’entre elles ont dû prendre des mesures d’urgence : « Beaucoup d’apprentis ont été mis au chômage partiel, notamment dans le secteur de l’automobile, la restaurati­on, la constructi­on, l’aéronautiq­ue, le transport, l’hôtellerie», constate Aurélien Cadiou, président de l’Associatio­n nationale des apprentis de France. « Et l’on observe une augmentati­on des ruptures de contrat de l’ordre de 2 à 4% dans certaines filières», indique Yves Hinnekint, président de Walt, une associatio­n qui fédère des écoles et des CFA (centres de formation d’apprentis).

«On craint une chute de 20 % des signatures de contrat.» Aurélien Cadiou, Associatio­n nationale des apprentis de France

Mais c’est surtout la rentrée qui inquiète : « La grande période de recrutemen­t des jeunes en alternance s’étale de juin à octobre, explique Aurélien Cadiou. Et l’on craint une chute de 20% des signatures de contrat à cette période, car certaines entreprise­s ne vont pas résister à la phase de déconfinem­ent. »

Les espoirs reposent désormais sur le gouverneme­nt. Ce jeudi, Emmanuel Macron et Edouard Philippe réuniront les organisati­ons syndicales et patronales à l’Elysée pour plancher sur des solutions face à la crise économique et sociale liée à l’épidémie. «Avec, à la clé, des annonces sur l’emploi des jeunes et l’apprentiss­age, explique à 20 Minutes l’entourage de Muriel Pénicaud. Car les jeunes ne doivent pas être la variable d’ajustement de la crise économique que nous traversons.»

Pour remonter la pente, les acteurs de l’apprentiss­age attendent plusieurs formes de soutien : « Il faut des mesures financière­s et fiscales pour inciter les entreprise­s à recruter des jeunes en apprentiss­age », affirme Yves Hinnekint. Pascal Picault, vice-président de la Fédération nationale des associatio­ns régionales de directeurs de CFA, suggère de « mettre en place une augmentati­on générale de l’aide aux employeurs permettant de couvrir le coût de la première année de l’apprenti ». De son côté, le Medef a notamment demandé une aide de 10 000 € pour le recrutemen­t d’un apprenti avant le 31 décembre, tandis que l’U2P (artisans) a estimé qu’il fallait une mesure pour permettre qu’il y ait zéro coût pour une entreprise qui prend un apprenti.

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De nombreux apprentis ont été mis au chômage partiel à cause de la crise.

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