Des inquiétudes demeurent après l’arrêt du réacteur
Le site nucléaire a été mis à l’arrêt, mais des inquiétudes subsistent
Clap de fin pour la doyenne des centrales nucléaires françaises, située à Fessenheim, dans le Haut-Rhin. L’arrêt du dernier réacteur, dans la nuit du 29 juin, scelle sa fermeture. Fini, les manifs et les rassemblements du samedi ? Bien au contraire. « La lutte continue, car la question du nucléaire en France est loin d’être réglée et beaucoup de questions subsistent à Fessenheim », prévient André Hatz, président de Stop Fessenheim. Une fermeture qui réjouit les associations et collectifs antinucléaire, français, allemands et suisses. Autant qu’elle suscite de la colère chez les salariés, les sous-traitants, des élus et la plupart des 2 500 habitants de la commune.
« De la ferraille radioactive »
« On n’a plus à avoir peur d’un accident nucléaire majeur», se félicite pour sa part Rémi Verdet, président de Stop transports-halte au nucléaire. En revanche, quid des combustibles qui resteront stockés dans des piscines pendant trois ans sur le site ? Rémi Verdet demande « la sécurisation des piscines, non bunkérisées » et donc vulnérables. Vient ensuite la gestion « des déchets, de tout ce qui était autour de la centrale, notamment l’acier. Il reste 12 générateurs de vapeurs, deux cuves et six pompes primaires, près de 4 700 t de ferraille plus ou moins radioactive ». Autre préoccupation, le technocentre : « Un projet fou, en réalité c’est une industrie chimique qui est doublée d’une industrie nucléaire, d’une fonderie de métaux irradiés », assure André Hatz. Ce dernier craint qu’une partie de l’acier recyclé ne soit remise dans le circuit de l’industrie. De là à « avoir une casserole avec du métal radioactif »… Autre crainte, « une convergence à Fessenheim de transports exceptionnels ». Les antinucléaire assurent que le site finirait par accueillir de l’acier irradié de toute l’Europe, à l’exception de l’Allemagne, qui a refusé. Le tout, pour créer 150 emplois. Avec le risque d’en faire perdre beaucoup d’autres, en faisant office d’épouvantail pour l’éventuelle zone d’activité transfrontalière. Se pose également la question des fondations, au-dessus de la nappe phréatique d’Alsace, qui seraient juste comblées par des gravats et du béton. « Inacceptable », pour André Hatz.
Le démantèlement commencera physiquement dans cinq ans et devrait durer quinze ans. Bien plus, annoncent déjà les antinucléaire…