Le flex office peine à se faire une place dans l’entreprise
L’espace de travail partagé est privilégié par les entreprises pour des raisons économiques
Dans les années 2000, les images de salariés qui discutent dans des canapés, ordinateurs portables sur les cuisses, étaient l’apanage des start-up. Petit à petit, ce type d’espace de travail partagé, sans bureaux attitrés, s’est développé. Selon une enquête Parella-Esquisse, 27 % des entreprises franciliennes du tertiaire avaient franchi le cap du « flex office » en 2018. Avec le confinement et l’essor du télétravail qui en a découlé ainsi que la raréfaction des espaces en ville, de nombreuses entreprises seraient séduites par l’idée. Ce qui n’est pas toujours le cas des salariés.
« Les personnes se regroupent et réservent les places pour leurs amis. » Caroline, salariée
«La seule chose que l’entreprise ait gagnée, ce sont des mètres carrés en moins à payer. » Parmi les témoignages des lecteurs de 20 Minutes, cet argument de Joachim revient régulièrement. Le premier intérêt pour les entreprises d’aménager des bureaux partagés est de réduire l’espace de travail, et les coûts qui vont avec. Moffi, entreprise qui propose un outil de réservation d’espace de travail, explique les raisons qui ont poussé l’entreprise à faire ce choix d’organisation : « Le flex office mixe plusieurs environnements pour permettre à chaque collaborateur d’avoir l’espace de travail le plus adapté à sa situation à un instant T.» Alexandra, une lectrice de 20 Minutes qui expérimente le bureau partagé depuis cinq ans, considère que cela permet d’éviter la routine : « Et les bureaux restent propres, rangés, aérés et assurent une bonne protection des données, puisque aucun document ou ordinateur ne traîne.» Cependant, pour Caroline, le flex office est une catastrophe : « Les personnes se regroupent par affinités et réservent les places pour leurs amis. » Elle regrette aussi que ses collègues finissent par s’attribuer des places pour ne plus en bouger. Des pratiques qui peuvent avoir des incidences sur le travail, comme celle de ne pouvoir se retrouver à proximité de ses collègues. C’est arrivé à Yan : « C’est le jeu des chaises musicales, en fonction de l’heure à laquelle on arrive, on se retrouve éloigné de ses collègues de service. C’est contre-productif. » Pour Dominique Steiler, titulaire de la chaire paix économique à l’Ecole de management de Grenoble et spécialiste du stress et du bien-être au travail, ce n’est pas tant l’idée du bureau partagé qui est à remettre en cause que celle de sa mise en place. La première condition est de ne pas l’imposer aux salariés sans les faire participer à son élaboration : « Si la décision est partagée, il y aura une plus grande implication, moins de frustration. »