La police réclame plus de justices face aux rodéos urbains
Face à la déception des policiers, des juges expliquent leur démarche
Alors que les rodéos sauvages à deuxroues se multiplient, une décision de justice rendue la semaine dernière à Strasbourg fait parler dans les commissariats. Après une longue enquête, trois jeunes auteurs de rodéos sauvages à Strasbourg avaient écopé d’un stage de sensibilisation à la Sécurité routière. Une peine « insuffisante », « humiliante », « légère », « démotivante » peut-on entendre du côté des forces de l’ordre.
« C’est une décision de justice, on les respecte, mais on s’interroge », confie William Wulleman, d’Alliance police nationale. « Nous ne sommes pas dans une logique du tout carcéral, explique-t-il, mais le message n’est plus compris face à une délinquance qui s’est considérablement rajeunie, avec une montée en degré dans la violence. Des décisions de justice sont parfois autant de coups d’épée dans l’eau. »
La justice serait-elle trop gentille ? « On ne rend pas des peines pour faire plaisir à des syndicats de policiers, on prononce des peines en fonction de la gravité de l’infraction et de la personnalité de l’auteur de l’infraction », répond Philippe Schneider, du Syndicat de la magistrature. Sans commenter la décision de justice, il rappelle qu’un stage est une peine prévue par la loi, une alternative à la prison, aux frais des condamnés.
Lutter contre la récidive
Même avis pour la juge pour enfants Isabelle Speziari, de l’Union syndicale des magistrats. Elle non plus ne commente pas les décisions de justice. Mais elle comprend que certaines peines puissent émouvoir la population, tout en rappelant que la peine est proportionnelle à l’infraction, en fonction du dossier. « Condamner à un stage, ce n’est pas relaxer, et encore moins nier les problèmes ou le travail de la police et de la justice. Ces stages mis en place par le législateur sont là pour travailler sur la récidive. Si cette mission est accomplie par ce biais, tant mieux, la société est gagnante. »