La maire accusée « d’amateurisme »
La décision de la première édile Jeanne Barseghian d’annuler le prochain conseil municipal passe mal du côté de l’opposition
« De mémoire d’homme, ce n’est pas arrivé depuis au moins trente ans», s’offusque l’ancien premier adjoint, Alain Fontanel. Lundi après-midi, tous les élus strasbourgeois ont appris dans un courrier de Jeanne Barseghian que le prochain conseil municipal, initialement programmé le 12 octobre, était annulé. Le prochain rendez-vous est fixé au 16 novembre, soit près de deux mois après la précédente venue dans l’hémicycle. Les débats avaient alors duré plus de sept heures…
« J’assume avec mon équipe »
« Les urgences liées à la situation sanitaire, l’indispensable dialogue avec les acteurs du territoire sur de nombreux projets ainsi que l’élaboration de plusieurs délibérations-cadres des politiques publiques municipales imposent le report », explique la maire.
Des arguments qui ne passent pas auprès de l’opposition. «C’est un déni de démocratie locale, peste JeanPhilippe Vetter (Un nouveau souffle pour Strasbourg). Pendant deux mois, il n’y aura pas de débat à l’endroit même où il doit y en avoir. C’est l’immobilisme le plus total alors que la période impose de prendre des décisions. Je suis inquiet et j’aurais compris si elle avait ajouté un deuxième conseil municipal. »
« De mémoire d’homme, ce n’est pas arrivé depuis au moins trente ans», ajoute l’ancien premier adjoint Alain Fontanel, lui aussi dans « l’incompréhension» face aux justifications évoquées. « Ce ne peut pas être la raison sanitaire car des conseils ont déjà eu lieu en visio. Non, la nouvelle majorité est dépassée par les événements. Il y a une forme d’amateurisme, d’impréparation aux fonctions et d’incapacité à prendre à bras-le-corps les dossiers. »
Réponse de Jeanne Barseghian à ces attaques ? « On a énormément de dossiers en ce moment et tout cela demande du travail. J’assume avec mon équipe de revoir un certain tempo pour prendre un temps nécessaire de concertation avec les acteurs », plaide l’écologiste en accusant l’opposition de mauvaise foi. « J’ai entendu les groupes politiques qui estimaient qu’il n’y avait pas assez de concertation sur les différentes actions prises. Il y a un paradoxe : on ne peut pas nous faire ce reproche et exiger de la vitesse. » Elle renvoie aussi ses adversaires aux prochains rendez-vous prévus. Ceux en groupe de travail. Sauf que là encore, ça ne passe pas. « Vous n’allez pas me croire : à la place de conseil municipal, nous avons reçu une convocation pour la mission sur les rats et les punaises de lit… », ironise Alain Fontanel. « On est sur des questions de dignité humaine qui sont extrêmement urgentes. Je ne souhaite pas qu’on oppose les urgences entre elles », rétorque Jeanne Barseghian avant d’annoncer que pour «le vote du budget, on prendra aussi un peu plus de temps.» L’opposition devrait encore apprécier.