Les 20 ans face à la crise engendrée par le Covid-19
La crise sanitaire et sociale affecte les projets des jeunes adultes
«C’est dur d’avoir 20 ans en 2020. Ce sont ceux qui vivent un sacrifice terrible.» Des mots forts prononcés par Emmanuel Macron, lors de son interview télévisée le 14 octobre, en direction de la génération 2000. Car la crise sanitaire a bousculé tous les plans de ces jeunes adultes, à court et moyen termes. C’est ce que constate Aline Nativel Id Hammou, psychologue clinicienne, lors de ses consultations : « Mes jeunes patients verbalisent leur malaise depuis le confinement. Si le sentiment d’incertitude par rapport à l’avenir est propre à leur âge, il est exacerbé par le contexte anxiogène. »
« Certains éprouvent un fort sentiment de solitude lié aux restrictions.» Olivier Galland, sociologue
En raison des clusters dans les universités et les écoles, le gouvernement a instauré la réduction de moitié de la jauge dans l’enseignement supérieur. Ce qui n’est pas sans conséquence pour leur moral : «Les étudiants ont l’impression de ne pas l’être complètement, car ils ne peuvent pas fréquenter librement leur établissement », analyse Aline Nativel Id Hammou. « Et l’enseignement à distance complique encore la donne pour les étudiants qui avaient déjà des difficultés scolaires », ajoute Olivier Galland, sociologue spécialiste des questions de jeunesse.
La crise sanitaire a aussi mis un sérieux coup de frein à leur vie sociale avec la fermeture des bars et des salles de sport dans certaines villes, puis le couvre-feu. «Avec ces restrictions d’activités, certains éprouvent un fort sentiment de solitude, constate Olivier Galland. « Car, 20 ans, c’est l’âge de la vie où l’on éprouve le besoin de se socialiser un maximum, d’appartenir à un groupe, complète la psychothérapeute Isabelle Filliozat. Le risque, pour eux, c’est de se réfugier dans les écrans et de s’isoler encore davantage.»
Mais si l’on regarde le verre à moitié plein, la crise actuelle n’a pas eu que des conséquences négatives sur les vingtenaires. « Ce n’est pas parce qu’on change de plans qu’on perd son temps, souligne Isabelle Filliozat. Certains ont développé des talents artistiques. C’est une possibilité de devenir soi en puisant dans ses ressources intérieures, au lieu d’attendre des satisfactions qui viennent de l’extérieur. » Si la crise sanitaire les a déstabilisés, cette période peut aussi leur donner une force de résilience, « car ils se diront qu’ils ont réussi à vivre avec le Covid, espère Aline Nativel Id Hammou. Qu’ils ont su rebondir. »