Ça tire souvent à boulets rouges sur la Maison Rouge
«20 Minutes» s’intéresse aux bâtiments qui ne laissent pas indifférent. A Strasbourg, on vous parle de la Maison Rouge
« Hideux », « une aberration », une « désolation» qui «défigure la place»… Les péjoratifs pour décrire la Maison Rouge, à Strasbourg, ne manquent pas. Selon les contributeurs de 20 Minutes, à qui l’on demandait quel était le bâtiment le plus moche de la ville, c’est celui de la place Kléber est arrivé en tête, talonné de très près par l’édifice du magasin du Printemps, situé à une centaine de mètres de là…
La Maison Rouge, communément appelée la FNAC, du nom du commerce principal qu’elle abrite, a depuis sa nouvelle architecture datant de 1978 «fait beaucoup parler». Pas vraiment en bien, suscitant, dès sa construction, de nombreuses contestations ou manifestations. Aujourd’hui encore, elle est souvent qualifiée « d’erreur architecturale », de «verrue». Il lui est surtout reproché d’avoir mal remplacé un bâtiment historique, témoins de la vie culturelle strasbourgeoise et détruit pour l’occasion après un ultime incendie. Un bâtiment dont l’origine remonte à 1253 mais qui a surtout connu toute sa splendeur au cours du XIXe siècle.
«On ne s’identifie pas»
«Il faut d’abord souligner, pour comprendre ces avis négatifs, que le bâtiment ou tout du moins le site, a une très longue histoire, rappelle l’architecte Nathalie Larché, du cabinet Larché et Metzger, également enseignante à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Strasbourg (ENSAS). C’était un grand hôtel avec une architecture très forte, notamment sous la domination allemande.» Ce serait donc une riche histoire et la nostalgie d’un passé flamboyant qui expliquerait le «désarroi» des Strasbourgeois confronté à cette «nouvelle» architecture? Plus qu’une «erreur», ce serait surtout le marqueur d’une époque. «L’intention de l’architecte était probablement d’enlever la monumentalité de l’édifice existant», explique Nathalie Larché. Un marqueur qui pourtant ne rompt pas si franchement avec l’époque. Car «les pans de toiture, le métal, les façades découpées, les jeux de la menuiserie, la façade décalée, reprend d’une façon plus contemporaine l’architecture dite alsacienne, avec ses colombages. C’est une réinterprétation de l’architecture traditionnelle. Une ouverture de la ville de Strasbourg. »
Mais son aspect terne, triste, aux couleurs un peu marron et bronze, peine à emballer les foules. «On ne s’identifie pas, on ne sait pas trop ce qu’il y a derrière, reconnaît Nathalie Larché. Il peut y avoir des bureaux, il n’y a pas de monumentalité comme avant. On est un peu dans le rejet car le verre a un toujours un côté un peu froid.» Une sensation renforcée par une façade pas toujours ensoleillée, vu son orientation, ce qui ne rajoute rien à l’affaire… Pour l’heure, le bâtiment est toujours dans son jus, même s’il existe un projet de rénovation et que des travaux ont débuté pour changer ses vitrines. Un projet qui pourrait lui donner une plus forte identité, avec des couleurs différentes.