Les démêlés avec la justice du pilier Mohamed Haouas
Le pilier des Bleus, au parcours tortueux, s’affirme de plus en plus sportivement
Dans toute la légion des nouveaux appelés par le sélectionneur, Fabien Galthié, avant le Tournoi des VI Nations, au début de l’année, son histoire était celle qui se racontait le plus. Pas banale. Un gamin d’un quartier populaire de Montpellier, passé quelques jours par la case prison et sauvé par sa découverture tardive du rugby, on n’en voit pas tous les jours. A 25 ans, Mohamed Haouas, pilier invincible en mêlée, était la trouvaille du nouveau staff des Bleus. Surtout après son bon début de tournoi.
Et puis, un coup de sang face à l’Ecosse fait perdre à la France ses espoirs de grand chelem et l’envoie en suspension pendant trois semaines. Avant que, début septembre, plusieurs incartades – on évoque des retards et une prise de bec – au cadre de vie édicté par son club de Montpellier ne lui causent une nouvelle suspension et la perte de sa prime d’éthique. Son passé redevient alors soudainement un poids.
Apparemment pas pour Fabien Galthié, qui ne semble pas avoir hésité la moindre seconde avant de convoquer Haouas pour la tournée d’automne, titulaire indiscutable sur le côté droit de la mêlée française face à l’Irlande et au pays de Galles. Le sélectionneur laisse même à Raphaël Ibanez, manageur des Bleus, le soin de justifier cette décision : « Momo bénéficie de notre confiance. Son chemin est tortueux parfois […], mais on a de bonnes raisons de croire qu’il peut encore donner pour le XV de France. Même si c’est vrai que, d’un point de vue de management, on est vigilants. Il est attachant, mais il mérite une attention particulière.» Isabelle Gely, son ancienne responsable pédagogique au centre de formation de Montpellier, est la preuve que, personne, autour de lui, n’a envie de l’abandonner en route : «Le négatif est derrière lui, ça ne sert à rien qu’on pleure dessus ou qu’on joue avec, soupire-t-elle. Lui ne s’en sert pas. Peut-être que un jour, quelqu’un arrivera à comprendre qu’il faut parler de lui uniquement pour ses compétences rugbystiques et du grand monsieur qu’il est devenu.»
«Il est attachant, mais il mérite une attention particulière. » Raphaël Ibanez, manageur des Bleus
Mais la justice française a parfois le temps long et le timing fâcheux. Le 29 janvier, à une semaine du début du Tournoi des VI Nations, Mohamed Houas sera jugé par le tribunal correctionnel de Montpellier pour des cambriolages qui l’avaient amené à faire quelques jours de prison en 2014 et à vivre plusieurs années sous contrôle judiciaire. Son avocat, Me Gallix, n’exclut pas l’idée de demander un report après le tournoi. Mais, sur le fond, il semble confiant à l’idée de faire éviter la prison à son client. «Ce sont des faits anciens, qui remontent à plus de six ans, décrit-il. A l’époque, Mohamed avait 19 ans, il avait des mauvaises fréquentations en venant d’un quartier difficile. Depuis, les choses ont évolué très favorablement. D’abord pour le joueur professionnel puis international qu’il est devenu, ensuite pour l’homme devenu papa. Sa vie est désormais complètement différente, et les risques, extrêmement limités. »