20 Minutes (Strasbourg)

Et un nouveau malaise qui couve

Dans une nouvelle vidéo, l’associatio­n L214 fait un focus sur les ramasseurs de poulets, dont les conditions de travail sont exécrables

- Fabrice Pouliquen

« On fait des sortes de bouquets de volailles… On en ramasse quatre à cinq par main. » Ce jeudi, l’associatio­n de défense des animaux L214 publie une nouvelle vidéo, tournée en caméra cachée, pour dénoncer les travers de l’élevage industriel. Cette fois-ci, le focus est fait sur l’élevage intensif de poulets de chair (élevé pour leurs viandes). Plus précisémen­t sur une étape à laquelle on ne songe guère une fois le poulet arrivé dans nos assiettes : le ramassage de volailles.

Un lanceur d’alerte explique avoir dû ramasser, avec ses collègues, plus de 20000 poulets en moins de quatre heures.

Le job consiste à récupérer les animaux au sol des bâtiments d’élevages la nuit, au moment où ils dorment, pour les déposer dans des caisses ensuite chargées sur des camions qui prennent aussitôt la route de l’abattoir. Ce fut le travail du « lanceur d’alerte » à l’origine des images compilées par L214 dans cette nouvelle vidéo. « Pendant un peu plus d’un mois, précise Brian Mordasini, chargé des relations agroalimen­taires au sein de l’ONG. Quand on est ramasseur de volailles, on ne gagne pas bien sa vie. Même si on travaille toutes les nuits, à la fin, on n’a pas plus de 800 €. »

Aux faibles salaires il faut ajouter le travail dans le noir, l’odeur et la saleté des bâtiments agricoles, la fatigue des kilomètres à avaler pour se rendre d’un poulailler à l’autre. Sans parler des fortes cadences imposées pour ramasser les poulets… Les images en caméra cachée que publie L214 ont ainsi été tournées fin septembre, dans un élevage de l’Yonne, pour le compte de DUC. « Une exploitati­on représenta­tive de ce qu’est un élevage intensif français de poulets de chair », explique L214. Cette nuit-là, le lanceur d’alerte explique avoir dû ramasser, avec ses collègues, plus de 20000 poulets en moins de quatre heures. « Le but est d’aller très vite, raconte-t-il. On ramasse cinq poulets d’un coup et on les claque dans une caisse en plastique.» «Claquer, insiste-t-il, on n’a pas le temps de les déposer. » L’ONG L214 établit aussi un pont entre ces conditions de travail « déplorable­s» et la souffrance animale qu’elles engendrent. Là encore, c’est l’ex-ramasseur de volailles qui en parle le mieux. « Le métier est violent, décrit-il. Rien que le fait de porter les poulets à l’envers [ils sont pris par les pattes] fait qu’ils crient et se débattent. » Il évoque aussi les violences qu’il a parfois constatées sur les volailles. « Ça peut arriver de jeter des poulets par terre, des coups de poing, des coups de pied », détaille-t-il, en invitant tout de suite à remettre ces actes dans leur contexte : « On travaille dans le noir, on est fatigués, il faut aller vite, on pue, on a chaud… »

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Avant d’être transporté­s vers l’abbatoir, les poulets sont ramassés en masse.
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