20 Minutes (Strasbourg)

La géothermie revue après l’épisode des miniséisme­s

La société qui exploite le site de géothermie de Reichstett-Vendenheim revoit sa copie après une succession de miniséisme­s

- Gilles Varela

Voilà un an que le site de géothermie profonde de Reichstett-Vendenheim est dans la tourmente. Pourtant, la noce s’annonçait belle pour la société Fonroche Géothermie. Jusqu’à ce 12 novembre 2019, date à laquelle un séisme de 3,2 sur l’échelle de Richter secouait l’agglomérat­ion. Depuis, ce sont les incertitud­es, la mise à l’arrêt de la centrale et les miniséisme­s qui rythment la vie de la géothermie au nord de Strasbourg.

Vous pensez voir des minifissur­es sur votre carrelage et espérez l’arrêt définitif de l’exploitati­on du site? Autant le dire tout de suite, la fin de la géothermie dans ce secteur n’est pas pour demain. Même si le protocole de test lancé mi-octobre est suspendu, à cause des miniséisme­s enregistré­s ces dernières semaines, un nouveau protocole serait déjà dans les tuyaux. Il ne pourra «pas démarrer avant le début de l’année prochaine et encore, après validation d’un comité d’experts », précise Fonroche. Mercredi, le directeur général de la centrale, Jean-Philippe Soulé, a fléché les tests de traçage lancés il y a un mois. Des tests imposés à la société pour trouver les causes du… premier séisme, celui de 2019. Si Fonroche maintient ne pas en être à l’origine dans le secteur de Strasbourg, la société admet que les derniers microséism­es sont bien liés à la centrale.

«Une situation ubuesque»

Problème, ils auraient justement été causés, selon l’opérateur, par ces tests imposés et dont « industriel­lement, il n’a pas besoin ». « Nous sommes dans une situation ubuesque, regrette Jean Philippe Soulé. C’est le protocole d’arrêt de l’injection de l’eau qui a provoqué des mouvements sismiques. Il faut maintenir une certaine pression constante dans la faille, sinon elle se déforme, se rétracte et crée des secousses. Nous ne sommes pas du tout dans les conditions d’un fonctionne­ment normal d’une centrale, où la pression est constante. Nous devons établir un nouveau protocole. » Pas de problème, les spécialist­es sont prêts à revoir leur copie avec pour objectif que l’activité sismique reste sous les seuils de perception humaine. Un protocole devrait être mis en place, avec des paliers de débits d’injection différents, «étape par étape, pour stabiliser la sismicité jusqu’à atteindre les 250 m3 par heure », détaille Jean-Philippe Soulé. Un seuil qui sonne comme une concession de la part de l’opérateur car, pour être aussi rentable que prévu, la centrale doit atteindre les 450 m3 par heure. « Mais ça, c’est pour après, soupire Jean Philippe Soulé. Nous sommes dans la compréhens­ion de ce qui s’est passé, pour définir le niveau d’exploitati­on. Ce sont des investisse­ments sur cinquante ans. Il faut relativise­r. A ce moment-là on aura oublié ces mois perdus au lancement. » Fonroche ne table pas sur une exploitati­on du site avant l’été 2021.

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La centrale de Reichstett-Vendenheim, au nord de Strasbourg.

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