Avant Mars, une zone de terreur attend «Perseverance»
Espace Jeudi, avant de toucher le sol martien, le rover devra réussir une délicate chute
Sept minutes de terreur. A 21 h 55, jeudi, le rover Perseverance s’apprêtera à entrer dans l’atmosphère de Mars. L’avant-dernière étape d’un voyage de 480 millions de kilomètres commencé le 30 juillet par un décollage réussi depuis Cap Canaveral (Floride). Autrement dit, Perseverance sera tout près de pouvoir commencer sa mission : arpenter la planète rouge pour y trouver d’éventuelles traces de vie, et même collecter des échantillons de roches martiennes. Avec l’espoir, un jour, de les rapporter sur Terre.
Avant de pouvoir se mettre au travail, Perseverance devra en passer par ces « sept minutes de terreur », expression utilisée par la Nasa pour évoquer ce moment périlleux qu’est l’atterrissage. La nouveauté, c’est la grue volante, Sky Crane. Elle n’était pas là «pour Viking 1 et 2 [dans les années 1970] ou pour InSight [en 2018]», explique Olivier Sanguy, médiateur scientifique de la Cité de l’espace à Toulouse. Il faut imaginer une masse de 3 t – le rover et tout
«Pendant ces “sept minutes de terreur”, on ne peut rien faire depuis la Terre.» Jessica Flahaut, géologue
ce qui l’entoure pour faciliter sa descente – débouler dans l’atmosphère martienne à 20000 km/h. Et imaginer un bouclier thermique, qui protège le rover de la chaleur pendant la descente, subir une température de 1300 °C. Et ce ne sont que les grandes étapes. Entre elles, il ya à chaque fois une multitude d’actions qui doivent se combiner, sans erreur possible. «Un exemple : quand le rover se pose au sol, il est toujours retenu par des câbles à la grue volante juste au-dessus de lui, illustre Olivier Sanguy. Il faudra alors que de petits explosifs, sur Perseverance, poussent des lames pour qu’elles coupent ces liens. Si ce mécanisme se grippe, la Sky Crane, qui pèse 1 t, restera reliée au rover, ce qui compromettrait la mission.»
«Mais si la Nasa parle de “sept minutes de terreur”, c’est aussi parce que, dans ce laps de temps, on ne peut rien faire depuis la Terre, reprend Jessica Flahaut, géologue martienne et lunaire du Centre de recherches pétrographiques et géochimiques. La distance entre les deux planètes fait que les communications vont mettre un peu plus de onze minutes pour aller de la Terre au robot et inversement. En cas de problème, le temps que le signal nous parvienne, le robot se sera déjà écrasé. »