« Boucler la boucle cette année »
Championne olympique, Perrine Laffont vise le titre mondial au mois de mars au Kazakhstan
Le Covid-19 continue de bouleverser la planète, et donc le petit univers du ski de bosses, au calendrier très réduit par la pandémie. Victorieuse de quatre des cinq premières étapes de la Coupe du monde, en pause depuis le 5 février, Perrine Laffont est déjà assurée de remporter un quatrième globe d’affilée. L’Ariégeoise de 22 ans s’entraîne à L’Alpe d’Huez en attendant l’ultime course, le 14 mars à Almaty. Le site kazakh accueillera auparavant, les 8 et 9 mars, les Championnats du monde en parallèle comme en individuel, le seul titre qui manque à l’insatiable médaillée d’or olympique de 2018 à Pyeongchang (Corée du Sud).
Avec cette quatrième Coupe du monde de rang, vous écrasez votre discipline…
Je me débrouille bien, ça va (rires). Mais il y a un paquet de jeunes qui arrivent. Celle qui est derrière moi au classement général [la Japonaise Anri Kawamura] n’a que 16 ans et elle est sur le podium à chaque course. Ça pousse derrière, la bataille ne va pas être facile. En Coupe du monde, je n’ai pas de marge d’erreur. Je dois faire de gros runs, car, derrière, elles en font aussi.
Comment vivez-vous cette curieuse saison, rabotée par la situation sanitaire ?
Nous avons la chance de pouvoir nous entraîner, mais c’est long et c’est dur. D’habitude, l’hiver, nous avons la tête dans le guidon, les courses s’enchaînent et on garde un certain rythme jusqu’à la fin de saison. Là, on a fait les trois premières compétitions au mois de décembre, avant deux mois de pause. On a le temps de se relâcher. Ce n’est pas facile à gérer, mais il faudra être prêts quand les compétitions seront là.
Tout en gardant les Championnats du monde en tête, et notamment la course individuelle…
Oui, ce serait chouette de boucler la boucle au niveau du palmarès cette année.
A 22 ans à peine, ne serait-ce pas un peu tôt pour garder de la motivation ensuite ?
Je ne pense pas. Je sais que j’ai encore une belle marge de progression. Comme je l’ai dit, il y a d’autres filles qui poussent derrière et ça me pousse aussi. J’ai déjà gagné la plus belle médaille, l’or aux Jeux olympiques, mais, pour autant, ça ne m’a pas donné envie de passer à autre chose. Si je gagne les Championnats du monde en simple, ça ne me donnera pas envie d’arrêter, surtout à un an des JO en Chine.
Vous avez pourtant déjà connu un coup de mou il y a quelque temps.
Il y a un an et demi, oui. Ce n’était pas de la lassitude, mais plutôt de l’épuisement. J’ai enchaîné des grosses saisons avec de gros objectifs : les Championnats du monde en 2017, les Jeux olympiques en 2018, de nouveau les Championnats du monde en 2019.
Ma médaille aux Jeux a chamboulé pas mal de choses dans ma vie, ça a rempli mon calendrier. J’avais toujours des sollicitations, je n’avais plus le temps de me retrouver, de me reposer. J’arrivais fatiguée en stage. Il y avait beaucoup d’attentes autour de moi et cette pression commençait à devenir pesante. J’ai changé un peu les choses, j’ai pris du recul.
En triant les sollicitations ?
Oui, j’ai dit non à beaucoup de choses. Mon but, c’était de continuer dans le ski et de retrouver du plaisir. Il a fallu faire des choix. Mentalement, j’ai aussi beaucoup travaillé sur l’approche des compétitions. Je me suis libérée d’un certain poids et ça m’a permis de mieux repartir.
Savez-vous déjà jusqu’à quand vous skierez ?
Franchement, je n’en ai aucune idée. Quand j’ai commencé en Coupe du monde, je m’étais dit que je ferais du ski en compétition jusqu’à 30 ans. Lorsque j’ai connu mon année difficile, en 2019, je me suis dit que je n’arriverais jamais jusqu’à cet âge-là. Tant que je me fais plaisir, que j’aime ce que je fais, que je suis heureuse d’aller à l’entraînement pour progresser, je continuerai. Quand je n’aurai plus la même envie, ce sera le moment d’arrêter.