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Depuis de longues années, des associations environnementales alertent sur les dangers de la combustion du bois. Elle émettrait plus de particules fines et de gaz cancérigènes – tels que les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) – que n’importe quelle autre source. En novembre, le docteur et radiologue Thomas Bourdrel, fondateur du collectif Strasbourg Respire, relatait une étude inédite à laquelle le collectif avait participé. Une étude dirigée par le professeur Tim Nawrot, de l’université de Hasselt, en Belgique et selon laquelle des millions de nanoparticules toxiques avaient été retrouvées dans les urines de petits Strasbourgeois qui avaient participé à l’expérience. Des nanoparticules provenant du diesel, de l’industrie, mais aussi de la combustion du bois. Une pollution confirmée par de nouvelles mesures, assure Strasbourg Respire. Aussi, près d’une cinquantaine de médecins, de professionnels de santé, d’associations et de riverains lancent un appel. Ils demandent l’arrêt de l’exploitation et du développement des centrales biomasse dans la ville. Ils réclament aussi la mise en place de stations de mesures permanentes dans le quartier du Port du Rhin.
Un cocktail nocif
« Nous ne sommes pas contre les centrales biomasse, précise Thomas Bourdrel, mais contre la combustion du bois qui représente une grande partie du combustible utilisé dans ces centrales. Alors qu’elles peuvent fonctionner avec d’autres déchets végétaux, moins polluants. » Selon le collectif, le bois émettrait 35 fois plus de HAP cancérigènes que le fioul domestique, alors que les chauffages au gaz et à l’électricité n’en émettent pas du tout. Pire : la combustion du bois serait la source la plus émettrice de particules fines, de composés organiques volatils et métaux lourds. De quoi limiter les bienfaits espérés de la prochaine ZFE sur la pollution diesel. Strasbourg compte deux grandes centrales biomasse. Une au Wacken et une autre, classée et donc très surveillée, au Port du Rhin. Mais aussi des petites, collectives. Pas de chauffage au fioul, au charbon, au bois, alors quelle solution ? Le gaz, prône Thomas Bourdrel, mais l’Etat va interdire son installation dans les logements neufs. « C’est un mauvais choix. Le gaz, pour une ville asphyxiée en permanence comme Strasbourg, serait la meilleure solution, en attendant que l’on ait du photovoltaïque, l’hydrogène et d’autres énergies vertes. »
Les signataires de l’appel dénoncent une pollution industrielle « sous-estimée » et demandent l’arrêt des centrales biomasses-incinérateurs adossées aux sites industriels. «De plus en plus de riverains sont excédés, assure le collectif. Ils pourraient bien se regrouper pour porter ces questions devant la justice. »