Une fin non sans suites
Le décès du tueur en série Michel Fourniret éteint toute action publique à son encontre dans l’affaire de la disparition d’Estelle Mouzin. Un procès devrait tout de même se tenir.
Michel Fourniret est mort à l’âge de 79 ans, lundi, à l’hôpital de la PitiéSalpêtrière, à Paris (13e), où il avait été admis le 28 avril en raison de problèmes cardiaques, respiratoires et neurologiques. Avec le statut de mis en examen pour la mort d’Estelle Mouzin, mais sans avoir livré ses secrets. Au premier rang desquels celui de l’endroit où le tueur en série a enseveli le corps de la fillette de 9 ans, en janvier 2003. Méthodique, la juge Sabine Khéris a révolutionné le dossier ces deux dernières années, ce qui devrait permettre d’aboutir à la tenue d’un procès d’assises. «Monique Olivier [l’ex-femme de Michel Fourniret] sera jugée seule, lâche Corinne Herrmann, l’une des avocates d’Eric Mouzin, le père d’Estelle. Et on lira les déclarations de Michel Fourniret. Mais il échappera à une condamnation. A son sujet, l’action publique va s’éteindre. C’est terrible. »
Terrible, mais attendu. L’avocate tout comme son client ont assisté à la dégradation de l’état de santé de l’« Ogre des Ardennes » au fur et à mesure de ses auditions devant la juge. Ils ont donc assigné l’Etat en responsabilité civile pour le dysfonctionnement de la justice devant le tribunal judiciaire de Paris. Une autre procédure est en cours devant la Cour européenne des droits de l’homme.
Et Corinne Herrmann de lister : «Pourquoi la justice a-t-elle mis plus de trois ans à répondre à certaines de nos requêtes ? Pourquoi les comparaisons ADN n’ont-elles pas été faites plus tôt? Pourquoi des témoins n’ontils pas été entendus ? » Autant d’éléments qui, selon elle, auraient pu permettre la tenue d’un procès plus tôt. Car le nom de Michel Fourniret n’est pas apparu du jour au lendemain dans le dossier. C’est l’un des premiers suspects à avoir été interrogés par les enquêteurs après la disparition de la fillette. Mais il avait été finalement mis hors de cause pendant une quinzaine d’années où il aurait pu être jugé en possession de ses moyens.
Il faudra donc désormais se contenter d’un procès sans lui. Pour approcher la vérité sans véritablement l’obtenir. Pour que d’autres parents ne connaissent pas le même sort, Eric Mouzin plaide désormais pour la création d’un pôle d’instruction spécialisé dans la gestion des tueurs en série.
« Pourquoi les comparaisons ADN n’ont-elles pas été faites plus tôt ? » Corinne Herrmann, avocate du père d’Estelle Mouzin