20 Minutes (Toulouse)

Une pratique internatio­nale

- F. F.

« Depuis les années 1990, ils ont recours à une très large variété d’outils d’influence et de modalités de pression, de l’assassinat aux affaires judiciaire­s montées, en passant par le chantage à la sextape », observe Françoise Daucé, directrice d’études au Cercec (Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre-européen). Il y a un mot en russe pour ces casseroles manipulées : kompromat, pour dossiers compromett­ants. » De fait, plusieurs personnes s’opposant aux intérêts de Moscou sont tombées dans un « piège à miel » (qui consiste à monter une affaire de moeurs pour espionner ou discrédite­r quelqu’un) au cours des deux dernières décennies. Ce fut le cas, à la fin des années 1990, du procureur général Iouri Skouratov, qui avait lancé une enquête pour corruption touchant des personnes dans l’entourage de Boris Eltsine. Ce fut le cas aussi, en 2010, pour l’écrivain Edouard Limonov. Interrogé par l’AFP, Mikhaïl Lyubimov, qui a longtemps dirigé les opérations du KGB contre le Royaume-Uni et les pays scandinave­s, a déclaré au sujet du kompromat : « Tous les services secrets du monde le font, et nous ne sommes pas une exception. » En 2015, le site The Intercept et NBC ont en effet relayé des documents « fuités » par Edward Snowden selon lesquels les services secrets du RoyaumeUni utilisaien­t la technique du « piège à miel » pour espionner des groupes jugés « extrémiste­s », y compris sur le sol britanniqu­e. Pour l’heure, la mère de la petite Fiona, Cécile Bourgeon, reste en prison. La chambre de l’instructio­n a rejeté, mercredi, sa demande de remise en liberté, s’appuyant sur le risque de soustracti­on d’indices et de pression sur des témoins. « Ils disent qu’elle risque de revenir déterrer le corps de sa fille », s’emporte Gilles-Jean Portejoie, l’avocat de la jeune femme condamnée à cinq ans de prison en novembre pour plusieurs délits dont « non-assistance à personne en danger ». Pendant son procès, l’accusée avait indiqué qu’une fois libre, elle chercherai­t « jusqu’à le trouver » le lieu où elle a enterré Fiona, tuée en 2013 et dont le corps n’a jamais été retrouvé. « Nous allons demander sa mise en liberté provisoire, nous pourvoir en cassation et solliciter la récusation du président de la chambre de l’instructio­n », a réagi l’avocat.

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