La tenue du procès à Paris crée des remous
Le troisième procès de la catastrophe s’est ouvert à Paris mardi, à 700 kilomètres du cratère
«Si ça avait explosé à Paris, aurait-on jugé l’affaire à Toulouse ? », demande benoîtement Liliane, 69 ans. Son appartement, soufflé par l’explosion, était à 800 m de l’usine. La voilà maintenant à 700 km de là pour connaître l’épilogue judiciaire de la catastrophe. Comme Eric, 53 ans, qui a pris deux semaines de ses « congés 2017 » pour venir jusque-là.
Séquelles et usure
Mais, même si les frais sont pris en charge, tous les Toulousains parties civiles – 2 700 en tout – n’ont pas pu faire le déplacement. « Les gens travaillent, personne ne peut poser quatre mois de vacances », souligne Sophie Vittecoq, du collectif Plus jamais ça, ni ici, ni ailleurs. Du coup, elle a déployé sa banderole dans la Ville rose, devant le Centre de Congrès Pierre-Baudis, où les débats sont retransmis. L’association des Sinistrés du 21 septembre connaît les mêmes problèmes d’organisation. « Ils sont une dizaine à Paris aujourd’hui, et nous allons essayer de nous relayer », explique Patricia. Mais elle ne prendra pas son tour. Cette jeune retraitée était en voiture avec ses deux enfants tout près d’AZF le jour de la déflagration. Quand bien même elle voudrait prendre l’avion, ses séquelles auditives l’en empêcheraient.
Même impossibilité pour Guy Fourest, le président du comité de défense des victimes d’AZF. A 85 ans, il ne se voit pas trotter avec sa canne et sa « vue qui baisse » dans les rues de Paris. Mais chez lui c’est la colère qui prend le pas sur la frustration. « J’ai honte de mon pays ! », s’emporte-t-il, découragé d’avance d’avoir pour la troisième fois à entendre les mêmes théories. Il est usé par 15 ans de combat, mais suivra l’audience par écran interposé, « si [sa] santé [le lui] permet ».