L’homme-araignée a-t-il volé cinq toiles de maître ?
Cinq oeuvres ont été dérobées en 2010 au Musée d’art moderne
Le casse était presque parfait. Crâne rasé, carrure massive (1,90m pour 100 kg) Vjéran Tomic ose, avant le début de l’audience, lundi devant le tribunal correctionnel de Paris, la comparaison avec Arsène Lupin. Connu des services de police « pour sa particulière dextérité dans le vol de bijoux et d’oeuvres d’art », celui que le milieu surnomme spider (« araignée ») est parvenu, en 2010, à dérober au Musée d’art moderne de la Ville de Paris cinq tableaux signés Picasso, Matisse, Braque, Modigliani et Léger.
Deux autres suspects
Sur la « demande » passée par son receleur, un antiquaire installé gare de Lyon, ne figurent pourtant que deux noms : Fernand Léger et Amedeo Modigliani. Après avoir descellé une baie vitrée, Vjéran Tomic constate qu’aucun système d’alarme ne se déclenche. « L’homme-araignée » entame alors sa déambulation dans le musée et n’emporte pas deux mais cinq tableaux : « ils ne faisaient pas partie de la commande mais ils me plaisaient », lâche le prévenu. Lors de la transaction avec l’antiquaire, il hésite même à les garder, mais finit par donner le tout à son receleur. Incapable de revendre les tableaux à la suite de la médiatisation de l’affaire, l’antiquaire assure avoir confié à un ami horloger, le second receleur, l’ensemble du butin et le convainc même d’acheter La Femme à l’éventail de Modigliani au cours de l’hiver 2010. Les quatre oeuvres, camouflées dans des sacs-poubelle, sont stockées derrière une armoire métallique dans l’atelier du prévenu, la dernière placée dans un coffre. L’accélération de l’enquête, grâce à un informateur anonyme mettant en cause Vjéran Tomic, conduit l’horloger en garde à vue. « J’ai vidé l’armoire (…) et le coffre (…) Je les ai mises à la poubelle, j’ai fait la pire erreur de mon existence », regrette le troisième prévenu. L’audience doit se poursuivre vendredi.