Il avait refusé de servir des femmes voilées
Un restaurateur est jugé, ce jeudi, pour avoir refoulé deux femmes portant le foulard
Les insultes racistes ne figuraient pas au menu. C’est pourtant ce que le restaurateur a commencé par servir, le 27 août 2016, à deux clientes voilées qui venaient de s’installer dans son établissement de Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis). Le patron du restaurant Le Cénacle doit être jugé, ce jeudi à Bobigny, pour « discrimination en raison de l’appartenance à une religion dans un lieu accueillant du public ».
Proscrire les amalgames
L’été dernier, alors que la polémique sur le « burkini » éclaboussait la France, cet homme de 55 ans se présentant comme « raciste » avait refusé de servir à manger à deux femmes. Discrètement, à l’aide de son téléphone, l’une d’elles avait filmé l’échange verbal qui lui vaut sa comparution devant la justice : « Les racistes, ils mettent pas des bombes et ils tuent pas des gens. Les racistes comme moi ! – Parce qu’on a mis des bombes, monsieur ? – Madame, les terroristes sont musulmans et tous les musulmans sont terroristes. Cette phrase-là veut tout dire. » Cloué au pilori sur les réseaux sociaux en moins de temps qu’il n’en faut pour cuire un oeuf, le restaurateur avait fini par s’excuser, tout en prétendant avoir « pété un plomb » en raison du décès d’un ami lors de l’attaque terroriste du Bataclan en novembre 2015. Pas suffisant pour le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), qui entend se constituer partie civile dans la procédure. « Cela fait des années que nous avons des plaintes de ce type, indique Marwan Muhammad, porteparole du CCIF. Mais, cette fois, nous avons cette vidéo. Sa médiatisation a suffi à calmer tous ceux qui veulent faire des amalgames. » Contactés par 20 Minutes, les avocats du restaurateur n’ont, eux, pas souhaité s’exprimer avant l’audience. Leur client encourt une peine de cinq années d’emprisonnement et de 75000 € d’amende. Quant aux deux jeunes femmes, elles aspirent, selon leur avocat, « à retrouver juste un peu de sérénité ». Et à pouvoir aller déjeuner où bon leur semble.