20 Minutes (Toulouse)

L’accord Ceta est adopté, mais tout n’est pas réglé

Le traité de libre-échange entre l’Europe et le Canada a été ratifié, mercredi

- Oihana Gabriel

Après sept ans de négociatio­ns et bien des protestati­ons, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada (appelé Ceta), a été adopté, mercredi, par le Parlement européen. Néanmoins, des questions restent en suspens quant à cet accord qui vise, entre autres, à faire disparaîtr­e les tarifs douaniers sur la quasi-totalité des marchandis­es entre l’Europe et le Canada…

Quelles sont les prochaines étapes ? « Il faut maintenant que le parlement canadien finisse son processus de ratificati­on, ce qui devrait prendre une dizaine de jours », précise Edouard Bourcieu, conseiller commercial à la Commission européenne, l’institutio­n qui a négocié l’accord. Le Ceta entrera alors en vigueur de façon provisoire – essentiell­ement en ce qui concerne les dispositio­ns relevant de la compétence exclusive de l’UE – pour ensuite être ratifié par les 28 pays membres. Un processus qui peut prendre des années.

Quid des tribunaux d’arbitrage ? Parmi les chapitres provisoire­ment exclus figurent celui des contestés tribunaux d’arbitrage [juridictio­n vers laquelle une entreprise peut se tourner lorsqu’elle estime qu’un Etat a voté une loi réduisant ses profits de façon discrimina­nte]. En attendant sa ratificati­on, en cas de litige avec un Etat, une entreprise devra porter plainte devant la juridictio­n du pays concerné ou la chambre arbitrale internatio­nale de Paris, par exemple.

Que se passera-t-il si un Etat s’oppose au texte ? C’est tout le problème… « Une dispositio­n du mois d’octobre lève toute ambiguïté : si un seul des 43 parlements (la Belgique en compte sept !) qui doivent ratifier le texte s’y oppose de manière permanente, l’accord ne pourra pas être appliqué pour les 28 », assure Edouard Bourcieu. « On fait un pari, estime pour sa part Pascale Jouannin, directrice générale de la Fondation Robert-Schuman. Peutêtre qu’une fois que les dispositio­ns seront mises en place, les craintes seront levées. Lors des discussion­s avec la Corée du Sud, les constructe­urs automobile­s étaient vent debout contre l’accord, aujourd’hui, ils se frottent les mains car ils vendent bien plus de voitures. »

Le Brexit pose-t-il problème? Oui et non. « Le Royaume-Uni a signé le Ceta. En attendant le Brexit, qui peut prendre deux ans, les dispositio­ns de l’accord vont s’appliquer. Après, cet accord ne s’appliquera plus à lui. » De même, « on a dû amender une quarantain­e d’accords quand la Croatie a intégré l’Union européenne, rappelle Edouard Bourcieu. On pourrait donc amender le Ceta en cas de Brexit. »

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Des opposants à l’accord, mercredi, devant le Parlement européen.

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