Les réfugiés font du sur-place
« 20 Minutes » s’est rendu à Athènes à la rencontre des 60000 migrants bloqués par la fermeture des frontières. ONG, gouvernement et citoyens multiplient les initiatives pour faciliter leur intégration.
N i tentes, ni antennes des camions de télévision, ni banderoles. Sur la place Victoria, dans le centre d’Athènes (Grèce), nulle trace de la crise humanitaire qui s’y est jouée en mars 2016. Au lendemain de la fermeture de la frontière gréco-macédonienne, près de 1 000 réfugiés venus de Syrie, d’Irak, d’Iran ou d’Afghanistan, vivaient à cet endroit dans des conditions déplorables. Si l’accord entre la Turquie et l’Union européenne a considérablement réduit le nombre d’arrivées en Grèce, 60000 réfugiés restent immobilisés dans le pays, dans l’attente de voir leur demande d’asile ou de relocalisation acceptée (lire ci-dessous). Longtemps considérée comme une ville-étape, la capitale fait aujourd’hui face au défi de l’intégration. Au rez-de-chaussée d’une belle bâtisse des années 1920, une dizaine d’Afghanes suivent attentivement un cours de grec. Toutes ont intégré le programme Alef, lancé en juin par le centre Melissa (« abeille » en grec), que soutient l’ONG Care. L’objectif : leur redonner confiance et leur donner les clés pour mener à bien leurs projets de vie. « Aujourd’hui, ce sont des réfugiées, mais il est probable que, demain, elles soient nos voisines », glisse Nadina Christopoulou, directrice du centre et docteure en anthropologie.
Hébergés chez l’habitant
Lorsqu’ils ne vivent pas dans des camps officiels ou dans des appartements loués au Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU (UNHCR), par exemple, certains réfugiés sont hébergés chez des citoyens, qui pallient généreusement le manque d’infrastructures d’accueil. Dans son modeste appartement, Effrosyni, infirmière retraitée de 65 ans, partage depuis janvier son quotidien avec Hasna* et ses deux adolescents. Originaires de Damas, ils ont été bloqués dix mois dans le camp de Moria (Lesbos), dans des conditions dignes d’un « film d’horreur ». Mais tous les réfugiés n’ont pas eu la chance de rencontrer Effrosyni. Depuis un an, environ 1 000 personnes, dont un tiers d’enfants, vivent toujours dans l’aéroport désaffecté et le complexe olympique d’Hellenikon, à la périphérie de la ville.
« L’Etat n’avait pas de politique d’accueil (…), témoigne Antigone Kotanidis, conseillère du maire d’Athènes. Les ONG et les citoyens ont beaucoup aidé, malgré la crise économique. C’est très difficile de s’organiser, on ne sait pas combien de personnes vont vraiment s’installer ici et on ne sait pas si l’accord va tenir. Or, ce sont des vies humaines qui sont en jeu... »